L'obsession de Macron pour la Russie a aussi des raisons internes

Par Kostas Raptis

Qu'est-ce qui explique l'insistance d'Emmanuel Macron à garder « toutes les options ouvertes » concernant l'envoi de troupes en Ukraine alors que cette proposition a été rejetée par ses principaux partenaires et alliés, notamment l'Allemagne ?

Les raisons stratégiques sont certainement les plus importantes, aux yeux du président français. Le pensionnaire de l'Elysée reconnaît qu'une brèche se creuse sur le Vieux Continent que son pays pourrait combler en gagnant les faveurs des Etats-Unis et en revalorisant ses propositions de politique de sécurité européenne commune, sans plus d'ambitions d'« autonomie stratégique ». ». mais sous la direction « évidente » du seul membre de l’UE. qui dispose d'un arsenal nucléaire.

Ce n’est pas un hasard si la diplomatie française s’est récemment montrée extrêmement active sur l’ancien territoire soviétique, et pas seulement en Ukraine. Les mesures typiques incluent l’adhésion à l’Arménie (qui prend ses distances avec la Russie et investit de plus en plus dans le soutien militaire à la France) ou la co-signature d’un pacte de sécurité avec la Moldavie la semaine dernière.

Mais il est un autre paramètre qu’il ne faut pas sous-estimer : le jeu politique intérieur. A trois mois des élections européennes, le camp Macron a clairement indiqué sa décision de combattre « l'alarme nationale » de Marine Le Pen en se concentrant sur ses « contradictions » à l'égard de la Russie.

La nouvelle n'est pas agréable pour l'Elysée. Selon la dernière enquête Ipsos-Sopra en collaboration avec le Centre Cevipof, l'Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et le journal Le Monde, l'Alarme nationale, dirigée par le député européen Jordan Bardella, 29 ans, ne cesse d'élargir son offre. Leadership contre dans le Parti de la Renaissance proche de Macron. L'enquête, réalisée dans la première quinzaine de mars auprès d'un échantillon de 11 770 personnes, montre que National Alarm a capté les intentions de vote (marge d'erreur de 1,3%) contre 31% de ceux qui se disaient confiants quant au vote contre 18% en faveur. (Marge d'erreur 1%). C'est la première fois que l'écart se creuse jusqu'à 13 points et il est désormais certain que le parti de Le Pen atteindra un pourcentage supérieur à 25% pour la première fois de son histoire.

Viennent ensuite la liste conduite par Raphaël Glucksman, soutenue par les socialistes (11,5%), la liste des Verts conduite par Marie Toussaint (8,5%), les Républicains de centre droit avec François-Xavier Bellamy (7e %). et la France agitée de gauche avec Manon Aubry (7 %) et le parti d'extrême droite « Relance » (5 %) dirigé par Marion Maréchal Le Pen (nièce et actuelle rivale du leader de l'Alarme nationale).

La manière dont Macron résiste à cette avancée de l'Alarme Nationale est évidente : en accentuant le virage à droite de son gouvernement (avec la loi sur l'immigration adoptée en décembre comme exemple typique) et en nommant en réponse un nouveau cabinet dirigé par Gabriel Atal, 34 ans, pour Bardella, qui a également pris la direction de son parti) et présente Le Pen comme un « bras long » de la Russie, mais aussi comme un partenaire de l'Eurogroupe ID de l'AfD allemande ayant des liens présumés avec les néo-nazis.

Le prêt de 6 millions d’euros (aujourd’hui remboursé) que l’Alarme nationale a reçu d’une entreprise russe a été un problème auquel Le Pen a été confronté lors de ses deux campagnes pour la présidence française.

Il est vrai, bien entendu, que Bardella manque de russophilie et c’est pour cette raison que Le Pen a dû le corriger de temps en temps. Cependant, lui et les autres députés de National Alert ont refusé de voter une résolution sur le soutien financier à l'Ukraine et une autre sur les efforts de la Russie pour semer la désinformation au sein de l'UE.

Cependant, la décision de Macron de se concentrer sur la menace russe et la possibilité d’une guerre, tout en ignorant d’autres domaines politiques sur lesquels il pourrait faire campagne, ne semble pas porter ses fruits. D’une part, parce que l’idée d’envoyer des troupes en Ukraine a été rejetée par tous les dirigeants politiques et qu’aucune chaîne d’isolement d’alarme nationale n’a donc été créée. D’autre part, parce que l’opinion publique française, malgré son soutien général à l’Ukraine, est tout sauf favorable à une implication militaire accrue du pays. Le résultat est finalement ce que nous observons dans les enquêtes.

Aglaë Salomon

"Organisateur incurable. Joueur. Étudiant. Passionné de Twitter. Geek des voyages. Totalement introverti. Nerd de la musique."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *