France : Législatives après la présidentielle : risque de « paralysie » de la politique étrangère européenne

Un exemple de l’histoire française récente est la coexistence intenable entre le président conservateur Jacques Chirac et le Premier ministre socialiste Lionel Jospin.

Si une majorité hostile au président Emmanuel Macron se forme lors des élections générales de juin, la politique étrangère de la France risque de perdre sa crédibilité et d’affaiblir l’influence du pays et de l’Europe sur la scène internationale, avertissent les analystes.

Revenant sur l’histoire et la coexistence compliquée entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, les analystes ont cité la guerre en cours en Ukraine et les attitudes envers Moscou comme exemples de ce qui pourrait être en jeu.

Alors que Macron a été réélu face à Marin Le Pen dimanche 24 avril, il n’obtiendra pas de majorité stable à l’Assemblée nationale après les prochaines élections législatives de juin.

Alors qu’une majorité radicalement opposée à Macron sur le front diplomatique – menée par Jean-Luc Melanson ou Marin Le Pen – est peu probable à ce stade, la coexistence avec d’autres forces politiques pourrait aboutir à « deux politiques étrangères » en France, selon le professeur Thanassis Diamantopoulos , qui s’est spécialisé dans le système politique et la politique de la France.

La Constitution française n’apportant pas de réponse claire sur la répartition des responsabilités dans ce domaine, une situation se présente qui conduit à forger la politique étrangère du pays et donc une médiation entre le Président et le Gouvernement s’impose, si ce n’est de la descendance française même famille politique.

La symbiose compliquée Chirac-Jospin

Un exemple de l’histoire française récente est la coexistence intenable entre le président conservateur Jacques Chirac et le Premier ministre socialiste Lionel Jospin.

Les deux politiciens se sont souvent affrontés sur la position de la France sur le Moyen-Orient, Chirac soutenant le monde arabe et Jospin soutenant Israël.

Un incident en février 2000 a mis en lumière les difficultés de la politique étrangère lorsque le Premier ministre n’est pas « l’homme du président ».

Lors d’une visite en Palestine, Jospin a décrit les attaques du Hezbollah contre les troupes israéliennes comme des « actes de terrorisme » qui ont provoqué la colère du monde arabe.

De retour en France, il reçoit un appel de Chirac lui disant que c’est le président qui donne le ton à la politique étrangère française.

Politique étrangère « compromettante »

Sami Cohen, politologue et expert en défense et politique étrangère, a identifié « trois sphères d’influence » sur la diplomatie dans son livre « La politique étrangère entre l’Elysée et Matignon » : une sphère est la fonction présidentielle, l’autre le gouvernement et une sphère intermédiaire du « Cogouvernement » où le Président ne peut agir sans l’aval du gouvernement et inversement.

La troisième catégorie est celle qui peut causer le plus de problèmes entre la présidence et le gouvernement. Ceux-ci incluent, en particulier, « les opérations militaires, les décisions majeures sur les questions communautaires », a écrit Cohen.

Mais même si « dans le système de la Ve République le président a son mot à dire en matière de politique étrangère », Thanasis Diamantopoulos admet qu’en cas de coexistence « la cohérence de la politique étrangère française serait mise en péril ». […] et sa crédibilité aux yeux des Européens. »

« En période de coexistence, c’est encore le président de la République qui fixe les grandes orientations diplomatiques et représente la France à l’étranger », acquiesce Benjamin Haddad, directeur du think tank Atlantic Council basé à Washington.

Cependant, il a déclaré à France EURACTIV que « l’existence d’une certaine forme de paralysie intérieure ou de faiblesse institutionnelle entrave l’influence de la France à l’étranger ».

« Souvent, les conflits internes français sont vus à l’étranger et affaiblissent notre voix », a ajouté Haddad.

L’impact sur l’attitude envers Moscou

Ce qui rend la perspective de coexistence particulièrement problématique, c’est que « dans le cas des deux forces principales de l’opposition de Macron, à savoir le Rassemblement national ou la France Insoumise, nous avons des divergences fondamentales par rapport à l’Union européenne, à la Russie, aux alliances », a-t-il ajouté. dit qu’il a dit Haddad.

Selon lui, avec un gouvernement dirigé par Jean-Luc Melanson ou Marine Le Pen, la France pourrait être « dans un état de paralysie totale » et s’opposer à la décision de Macron de remettre les armes à l’Ukraine ou d’imposer certaines sanctions à la Russie.

Quelles pourraient être les conséquences pour la France ? Elle serait, selon l’analyse de Haddad, « complètement affaiblie au niveau international », notamment « en termes de crédibilité auprès de nos partenaires », en plus de la crise institutionnelle interne que cela provoquerait.

L’Europe en subira également les conséquences. Peut-être « dans une période de coexistence, nous aurions un mouvement anti-européen avec une politique d’exclusion de l’Europe du gouvernement […] « L’ensemble du bloc européen serait affaibli et souffrirait », a averti Haddad.

Si, du fait d’une coexistence, la France « se retirait de l’approvisionnement en armements [στην Ουκρανία] « ou des sanctions européennes feraient s’effondrer tout l’édifice européen. »

Onfroi Séverin

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