La guerre en cours en Ukraine peut monopoliser nos intérêts, mais nous devons également tourner notre attention vers notre voisin la Libye, où l’impasse politique du pays avec les deux gouvernements parallèles se développe à un rythme alarmant. La tenue d’élections en 2024 est extrêmement difficile et il y a un risque que la Libye soit à nouveau plongée dans une nouvelle série de conflits armés entre les factions belligérantes. Toute agitation favorise la Turquie qui, comme je l’évoque souvent dans mes articles sur le sujet, sans dérobade ni embellissement verbal, « a mis les pieds en Libye pour toujours ».
Dans la capitale libyenne, Tripoli, nous avons le soi-disant gouvernement d’unité nationale (GNU) du riche Misrata Abdelhamid Dabaiba, qui n’est pas seulement pro-turc, mais dont la famille collabore avec la famille Erdogan sur les affaires depuis des années. Le gouvernement de Dabaa aurait perdu toute légitimité que lui conférait le Forum libyen pour le dialogue politique (LPFD) lorsqu’il a été « élu » au poste de Premier ministre par intérim après avoir échoué à organiser des élections. A 447 km à l’est de Tripoli et au milieu de la distance Tripoli-Benghazi, à Syrte, le Gouvernement de la… Stabilité de Fathi Ali Abdul Basaga, également originaire de Misrata, après sa tentative avortée d’entrer à Tripoli, s’était désormais installé s’installer à Tripolis. La légitimité du gouvernement Basaga découle du mandat qu’il a reçu de la Chambre des représentants le 10 février.
Lequel des deux en tant que… Premier ministre trouvera une issue à l’impasse politique et pourrait conduire le pays aux élections convoitées considérées comme « clé » pour la réconciliation nationale, la stabilité et l’unité de la Libye ? Mais le fait qui ne peut être nié est la division factuelle avec les deux armées et les structures judiciaires et administratives parallèles.
Dabaiba, avec les milices qui le soutiennent, contrôle Tripoli (ouest de la Libye), qui est toujours soutenu, au moins rhétoriquement, par les pays occidentaux, avec la Turquie à ses côtés. Ankara, qui a largement « turquisé » l’ouest de la Libye et la politique parce qu’elle considère que son homme Dabaiba ne « tire pas », construit des ponts en Cyrénaïque dans le même temps avec l’aide des Émirats arabes unis, ainsi que des Émirats arabes unis à Tripoli avec l’aide de la Turquie et maintient comment Erdogan lui-même a déclaré avoir communiqué avec son « ami » Basaga. Basaga est soutenu par la présidente du parlement Aghila Saleh et le puissant seigneur de guerre du « général » cyrénéen Khalifa Haftar, qui contrôle avec la soi-disant Armée nationale libyenne (LNA) toute la zone à l’est de Syrte et une très grande partie du sud du pays Fesan.
Les hostilités à Tripoli entre les milices soutenant les deux « premiers ministres » sont la preuve qu’une nouvelle série d’affrontements militaires pourrait facilement commencer. La menace de Basaga selon laquelle l’accord de cessez-le-feu s’effondrera à moins que Beibei ne remette finalement le pouvoir soulève désormais la possibilité d’un conflit. L’inquiétude de tous les acteurs internes et surtout externes est grande, à l’exception de la Turquie, qui joue très bien en leur faveur en tant que puissance régionale émergente, et du papier sur la « crise libyenne ».
Comme mentionné ci-dessus, Ankara a largement « turquisé » l’ouest de la Libye, maintient une présence militaire officielle importante, les agents du MIT sont littéralement… en train de se débattre tandis que notre célèbre Fahreddin Altun, le « Gabels » de Gaibel, visite fréquemment Erdoγan, Tripoli. La Turquie, profitant de la crise internationale de la guerre d’Ukraine et bien sûr des craintes américaines d’étendre l’influence russe en Libye, est récemment devenue encore plus importante et une force de retenue, d’ailleurs des parties de Wagner restent à la périphérie de Syrte en Russie !
Bien sûr, on se demande ici, mais les Américains et certains autres pays occidentaux sont-ils assez naïfs pour se soucier de la Libye ? Le fait qu’elle ait désormais des contacts avec les deux principales parties au conflit lui permet de jouer le rôle d’une médiatrice honnête. Preuve récente en est que mercredi 8 juin, à Tunis, il a co-présidé la Security Task Force avec la participation de toutes les « armées » libyennes (5+5 Joint Military Commission (JMC)
En Grèce, qui a subi 30 mois après le choc stratégique de la signature du mémorandum Turkolivik, il existe encore des cercles qui croient pieusement qu’un changement de politique conduira les Libyens à l’abolir et à introduire une démarcation de la ZEE/plateau continental à renégocier avec notre pays. La question pour nous est de savoir lequel des deux « Premiers ministres » est le « moindre mal » pour nous et comment nous pourrions avoir un canal de communication substantiel.
Mon article du 28 mars intitulé « Libye : la nouvelle réalité politique et le danger d’une nouvelle tempête » indiquait que nous réfléchissions à une coopération plus étroite avec Rome sur la Libye et qu’un « lien » durable avec les représentants spéciaux de Mme Nicola Orlando pourrait s’établir. L’Italie, qui a des intérêts particuliers en Libye, exerce une influence significative et la considère dans sa sphère d’influence, a une approche équilibrée d’une Libye unie et semble comprendre les préoccupations grecques suscitées par la « perpétuation » du mémorandum.
Mais un sérieux problème se pose ! L’Italie, en coopération avec l’ONU, accueille une conférence internationale sur la Libye le 22 juin à Zurich, à laquelle participeront les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Égypte, l’Allemagne et la Turquie. Cependant, la Grèce a de nouveau été exclue en tant que pays voisin, influencée par la situation là-bas. Pas même en tant qu’observateur ! Il n’est pas conseillé de savoir si des consultations ont eu lieu entre les deux ministères et si oui, lesquelles ont finalement abouti à qui est responsable de la nouvelle exclusion de la Grèce. Mais le fait est que la Grèce est toujours absente, même si la Libye voisine est un État membre de l’UE ! À ce stade, nous devons dire qu’avant-hier, un article inquiétant est paru dans le Turkish Star au sujet d’une consultation fermée entre l’Italie et la Turquie, que nous ne pouvons pas étayer avec nos recherches, mais que nous ne pouvons pas ignorer.
La stabilité en Libye est plus urgente que jamais en ce moment. Sans stabilité, les infrastructures d’exploitation des hydrocarbures, dont les réserves sont immenses et dont l’exploitation contribuerait à l’autonomie énergétique de l’Europe, ne peuvent être modernisées avec d’autres solutions comme la mise en place du gazoduc EastMed.
La Turquie, comme l’a souligné le rédacteur diplomatique Nikos Meletis dans un article de Liberal, pourrait intensifier ses défis envers la Grèce avec l’activation et la mise en œuvre du mémorandum turco-libyen. En fait, il convient de souligner ici qu’hier, jeudi, Dabaiba était à Smyrne, accompagné des « généraux » de sa milice, pour observer, avec les dirigeants turcs, l’exercice de l’EFES 22, qui implique une grande énergie amphibie. Contre qui?
Malheureusement, en Grèce, nous sommes obligés de regarder la situation en Libye en termes de « qui est le moins mauvais pour notre pays ». Comprenons enfin en Grèce que quel que soit le gouvernement qui émergera, ils ne « supprimeront » pas le mémorandum turco-libyen de la Libye et en viendront à des négociations directes sur la démarcation de la ZEE/plateau continental entre nos pays. Ce que notre pays peut faire, cependant, c’est faire comprendre à ses amis et à ses « ennemis » qu’il n’acceptera aucun programme d’aide de l’UE à la Libye si les politiques hostiles à l’égard de la Grèce se poursuivent, et préconiser au moins une désactivation de facto du mémorandum dans l’attente d’une solution juridique finale du problème (si jamais cela arrive !)
* Le lieutenant-général ea Konstantinos Loukopoulos est analyste géostratégique et directeur exécutif à l’Observatoire pour la sécurité et la coopération euro-méditerranéennes
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