Réseau de 6 000 personnes en Europe pour déraciner ses rivaux

Les journalistes français, anciens correspondants en Turquie, arrivent à la conclusion que le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a créé un réseau de personnes à travers l’Europe qui tentent, par des moyens légaux ou illégaux, de neutraliser quiconque pourrait lui nuire Laure Marchand et Gilliom Perrier dans un livre qu’ils ont publié intitulé « Les Loups aiment la brume ».

Il s’agit, comme on dit, d’une enquête sur les activités illégales de la Turquie en Europe et en particulier sur la façon dont le président turc a construit tout un réseau pour surveiller et contrôler ce qu’il considère comme ses opposants politiques. Les deux journalistes parlent d’une armée noire dirigée par le MIT, les services secrets turcs.

Dans la présentation du livre, le journal Le Monde, dont la correspondante en Turquie était l’un des auteurs, Gilliam Perrier (sr. Laure Marchand était du Figaro), admet que le régime d’Erdogan utilise ses tentacules en Europe pour le neutraliser, le conquérir ou nuire aux adversaires.

Il s’agit d’une « toile d’araignée » tissée par les autorités turques en Europe, avec son épicentre en Allemagne, qui abrite la plus grande communauté turque d’Europe, selon le journal. Il souligne également qu’il s’agit d’un groupe de 6 000 personnes qui sont un mélange d’agents secrets, d’assassins, de diplomates, de dénonciateurs, d’activistes politiques, d’hommes d’affaires, etc., appartenant ensemble au soi-disant « État profond » qui a été au pouvoir. renforcée depuis quelques années par l’ajout d’une dimension religieuse.

Le journal français note que les deux journalistes, se référant au MIT, soulignent qu’il a été impliqué dans l’assassinat de trois militantes du parti kurde PKK, survenu le 9 janvier dans un appartement de la rue Lafayette à Paris. 2013. L’affaire n’est pas close, mais les services secrets français ne montrent aucune volonté d’aider les autorités judiciaires, notent les journalistes.

Enfin, le journal français souligne que l’ouvrage parle du mouvement de repli de la Turquie sur elle-même, une Turquie « ottomane » qui se considère comme le centre d’un empire à construire.

Réseau également en Grèce

Un policier détaché auprès de l’ambassade de Turquie à Athènes avait lancé une opération de collecte de renseignements depuis Athènes et Thessalonique, ciblant des individus et des entreprises d’Ankara soupçonnés d’avoir des liens avec les gülenistes.

La révélation a été faite par le Nordic Monitor il y a quelques jours, citant un document secret du gouvernement turc envoyé par la Direction générale de la sécurité de Turquie le 2 septembre 2020 à près de 12 commissariats de police provinciaux en Turquie.

Le document, classé confidentiel, nomme six sociétés, telles qu’un restaurant, un bureau commercial, immobilier et de location de voitures à Athènes et à Thessalonique, et 13 citoyens.

Nordic Monitor rapporte que depuis 2017, le gouvernement Erdogan a créé un nouveau poste dans les missions diplomatiques turques intitulé « Conseiller au ministère de l’Intérieur », qui a été déployé dans les ambassades et les consulats. Ce poste à l’ambassade de Turquie à Athènes est occupé par le policier Uigar Elmastatsi, un « nationaliste d’extrême droite » qui dirigeait jusqu’à l’année dernière le département de l’aviation de la direction générale de la sécurité. Il aurait travaillé avec Selcuk Bayraktar, le gendre d’Erdogan, qui dirige la société de drones du même nom.

« La position d’Elmastasi montre que le gouvernement Erdogan a l’intention d’intensifier ses opérations connexes en Grèce, un pays qui est déjà une cible clé de l’agence de renseignement turque MIT », a-t-il souligné, tout en notant que l’espionnage n’était pas conforme à la loi est compatible sur les relations entre les pays membres de l’OTAN.

Thibault Tremble

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