Pourquoi la BCE s’inquiète-t-elle toujours de l’inflation ?

Depuis Tasos Dasopoulos

La BCE déclare qu’elle reste ferme sur sa position de poursuite du resserrement monétaire car la zone euro a de fortes chances de tomber dans un cercle vicieux d’inflation stagnante si l’inflation n’est pas « battue » d’ici la fin de 2024.

Après une trajectoire d’inflation lente mais en baisse dans la zone euro, qui a atteint 8,5 % en février contre 8,6 % en janvier, la BCE s’est concentrée sur l’inflation structurelle, qui continue d’augmenter et a atteint 5,6 % en février contre 5,2 % le mois précédent, malgré chute des prix de l’énergie.

On note que la Grèce, tout en enregistrant la désescalade la plus rapide de l’inflation « générale » (à 6,5 % en janvier contre 7,3 % en janvier), connaît également la plus forte accélération de l’inflation structurelle, qui est le taux d’inflation moyen a atteint 6,8 % le mois dernier contre 6,2 % en janvier. Dans une tentative de limiter drastiquement la demande dans l’économie, et avec l’intervention de la Commission, la BCE est également intervenue dans la politique budgétaire, exhortant les États membres à minimiser et à retirer progressivement leur soutien à la crise énergétique.

La peur de la stagflation

Le passage de la Banque centrale européenne d’une inflation « moyenne » à une inflation structurelle s’explique par le fait que la deuxième mesure de l’inflation excluant les prix de l’énergie et les aliments non transformés donne aux entreprises et aux ménages une meilleure idée de la précision. Si son mouvement ascendant n’est pas arrêté avant qu’il ne commence à se désamorcer, il en résultera ce que l’on appelle une « spirale » d’effets secondaires.

Les demandes d’augmentations salariales pour compenser la perte de pouvoir d’achat sont de plus en plus nombreuses et proportionnellement plus importantes. Ces phénomènes sont déjà apparus en Allemagne et en France et se répandent progressivement dans toute l’Europe. Cela seul ravivera les pressions inflationnistes et forcera la BCE à augmenter encore les taux d’intérêt de l’euro, ce qui nuira fatalement à la croissance mais n’aura pas non plus d’impact sur l’inflation. Nous nous retrouverons donc dans un environnement de forte inflation et de faible croissance, c’est-à-dire de stagflation.

La crise bancaire

Malgré les difficultés croissantes du secteur financier, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, n’a pas tardé à réitérer dans son récent discours aux observateurs de la BCE (principalement des journalistes) que toute aide aux banques ne sapera pas la politique monétaire, qui reste l’objectif principal de la lutte contre l’inflation.

Quant à la prochaine période, la banque centrale de l’euro a réaffirmé qu’elle ira plus loin en fonction des données qu’elle recueillera à chaque fois sur l’inflation.

D’une part, cela peut être interprété comme un changement (c’est-à-dire un assouplissement) de la position de la BCE et d’autre part comme une approche plus prudente de la réalité, qui devrait également prendre en compte les problèmes existants en plus de l’inflation, ou la BCE se crée dans le système bancaire de la zone euro avec la poursuite de la politique monétaire restrictive .

Une chose est certaine, comme le soulignent les cercles de la BCE, la banque centrale de l’euro ne peut pas être très en avance ou très en retard par rapport à la FED américaine.

Dans ce contexte, outre l’inflation et le problème persistant des banques, il convient également d’observer le taux de change euro/dollar, qui peut être un autre moteur de pressions inflationnistes sous certaines conditions.

Thibault Tremble

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