Parce que le Moyen-Orient ne se stabilisera pas

Par Kostas Raptis

La réadmission de la Syrie dans la Ligue arabe par Bachar al-Assad semble marquer l’achèvement d’un cercle historique. Douze ans après le déclenchement du soi-disant printemps arabe, le statu quo ante semble avoir été rétabli et l’évaluation selon laquelle le Moyen-Orient va changer a été réfutée.

Mais selon Jon B. Alterman, professeur de géostratégie et directeur du programme Moyen-Orient au Center for Strategic and International Studies de Washington, cette image de stabilisation est trompeuse. Les retards, les contradictions et les pathologies qui ont causé la vague insurrectionnelle de 2011 demeurent. De fait, de nombreux États de la région sont fragilisés par rapport à alors et donc particulièrement vulnérables aux nouveaux défis qui vont surgir. Et ceux-ci suffiront.

Alterman énumère cinq facteurs qui mettront à l’épreuve la résilience des nations du Moyen-Orient, dont quatre échappent à leur contrôle.

Le premier est le changement climatique, en particulier son impact sur les questions d’eau. Les sécheresses persistantes et l’épuisement des nappes phréatiques s’ajoutent aux problèmes d’approvisionnement en eau existants en raison d’une gestion problématique et de la croissance démographique. Et la désertification continue de pousser les agriculteurs pauvres vers les centres urbains.

Le deuxième facteur est financier. Les pays du Moyen-Orient ont augmenté leur dette pendant la pandémie, mais sont désormais confrontés à des coûts d’emprunt plus élevés et sont considérés avec plus de prudence par les marchés. Cela limite le potentiel d’investissement public qui pourrait relancer l’économie.

Le troisième facteur est la transition énergétique. Les pays producteurs de pétrole ont soutenu toute la région soit par l’aide internationale, soit en embauchant des travailleurs. Mais maintenant, ils sont obligés de diversifier leurs économies, de se préparer à un avenir post-carbone et de se concentrer sur la main-d’œuvre locale.

Le quatrième facteur est le changement technologique. Pour y répondre, il faut une grande flexibilité, une concentration sur l’innovation, des investissements dans les infrastructures et la conception d’un environnement réglementaire approprié.

Mais le cinquième facteur relie tous les précédents : la société civile dans les pays du Moyen-Orient est extrêmement faible, inhibant la créativité, les gouvernements s’éloignent de plus en plus de la population et la population sombre dans la passivité. L’implication du printemps arabe était pour les dirigeants que la moindre détente peut apporter le chaos, tandis que pour les gouvernés, le choix semble être entre la soumission et la guerre civile.

La conclusion d’Alterman est que le Moyen-Orient est au bord d’une transformation majeure, et non d’un « retour à la normale ». Tout sera déterminé par la capacité des peuples et des gouvernements à répondre de manière décisive et efficace aux nouveaux défis, alors que les ressources disponibles deviennent limitées et bien qu’il n’y ait pas de « sens unique » (par exemple, l’adoption à grande échelle des normes politiques et sociales occidentales) , l’examen sera super.

Aglaë Salomon

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