Il y a exactement un mois, le 26 avril, la Première ministre française Elisabeth Bourne montait sur la tribune de l’Elysée pour présenter sa feuille de route pour les « cent jours d’apaisement » et « d’action » qu’Emmanuel Macron avait annoncés quelques jours plus tôt : une Tentative de inverser la réforme des retraites imposée par son gouvernement et mettre le feu au pays. Beaucoup s’attendaient à ce que Bourne annonce enfin la soumission de ce projet de loi sur l’immigration à l’Assemblée nationale, qui avait été retardé et rétabli sept fois au total depuis l’été dernier. Finalement, cependant, le Premier ministre français a annoncé un nouveau report à l’automne. Il a blâmé la droite, les républicains et le « mur de contradiction » qu’ils érigeaient. « Ce n’est pas le bon moment pour entamer une discussion sur une question qui pourrait diviser le pays », a-t-il admis dans le même temps.
Sans majorité à l’Assemblée nationale, le gouvernement d’Emmanuel Macron a besoin des républicains pour faire voter la loi. Elle le présente comme un texte qui balance entre l’expulsion des étrangers qui menacent l’ordre public et une meilleure intégration des immigrés irréguliers, notamment à travers la légalisation des travailleurs dans les secteurs où il y a de graves pénuries de main-d’œuvre. Ce dernier est pourtant un signal d’alarme pour les républicains : le parti autrefois au pouvoir, affaibli et davantage divisé par la querelle des retraites, tente de reconstruire l’unité autour de l’immigration, enjeu identitaire clé.
Les Républicains sont passés à la contre-attaque dimanche dernier, avec un article commun cosigné dans le Journal du Dimanche par trois « ténors » du parti, son chef Eric Ciotti, le leader de leur groupe, Olivier Marlet, le président du Groupe de son sénateurs, Bruno Retagio. Dans ce document, ils ont annoncé qu’ils déposeraient eux-mêmes deux projets de loi dans les jours à venir pour sortir le pays d’un état de « faiblesse » et d' »intériorité » et mettre fin à « l’immigration massive », à ces « inondations ». est une proposition de réforme constitutionnelle, qui parle de la primauté du droit national sur les règles internationales, y compris le droit européen et les traités européens, lorsqu’il s’agit de « questions touchant aux intérêts fondamentaux de l’État », et parle également de la tenue d’un référendum sur l’immigration, la consécration du « principe d’assimilation » dans la constitution, le vote parlementaire sur les quotas d’immigrés et le traitement exclusif des demandes d’asile faites hors de France dans les consulats du pays.
Le deuxième projet de loi que les Républicains veulent déposer consisterait notamment à réériger en infraction pénale le séjour irrégulier sur le territoire français, à durcir les critères du regroupement familial et à restreindre encore l’accès des immigrés illégaux aux soins médicaux pour permettre à un Français de souche de rendre impossible pour un enfant des parents sans-papiers d’acquérir la nationalité française et de ne permettre à un immigré d’avoir droit à la protection sociale qu’après cinq ans de présence (légale) dans le pays. Dans le même temps, le parti a averti le gouvernement que s’il tentait de faire adopter une réforme de l’immigration en contournant l’Assemblée nationale et en utilisant l’article 49:3, comme il l’a fait pour la réforme des retraites, il déposerait une motion de destitution contre lui. Et personne n’a oublié qu’il y a deux mois, grâce aux votes républicains, le gouvernement a surmonté les motions de censure déposées contre lui par la gauche et l’extrême droite.
Il se retourne
C’est la première fois que la droite républicaine en France se détourne aussi ouvertement de sa tradition européenne – jamais auparavant un parti au pouvoir n’avait osé renoncer aux traités européens, même si le style de la campagne présidentielle à la François Fillon Cela s’est passé en 2017 et Valérie Pécres en 2022. C’est aussi la première fois que la droite républicaine copie aussi sans vergogne les propositions de Marine Le Pen, l’acceptant comme le cheval de Troie de l’extrême droite. Les projets de loi qu’il propose sont, bien sûr, sans espoir. Mais ils forceront probablement le gouvernement d’Emmanuel Macron à aller encore plus à droite sur l’immigration. Tout cela alors qu’un récent sondage montrait que la lutte contre l’immigration clandestine n’est que le 12e enjeu le plus important pour les Français, loin derrière la santé, l’inflation, le pouvoir d’achat ou l’éducation.
Il est toujours intéressant de suivre le débat sur l’immigration dans d’autres pays européens. Le temps passe vite alors que nous attendons avec patience et persévérance « l’enquête complète et indépendante » que Kyriakos Mitsotakis a promise lorsqu’il a récemment parlé à Christiane Amanpour sur CNN de l’article du New York Times dans lequel des immigrés, parmi lesquels des migrants également, sont montrés en train d’embarquer des enfants un camion puis sur un bateau, plus tard sur un navire de la Garde côtière et enfin sur un canot en mer Egée.
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