De même, la voix de Marine Le Pen en France semble largement refléter les opinions politiques de l’ancien président américain Donald Trump. Le slogan « La France aux Français » est analogue au slogan équivalent de Trump pour les États-Unis. L’électorat soutenant le candidat à la présidence française est similaire à celui qui a porté le président américain au pouvoir en 2016. Ils ont un niveau d’instruction limité et appartiennent majoritairement aux tranches de revenu inférieures. De nombreux entrepreneurs soutiennent ces points de vue car ils craignent que la concurrence internationale ne s’intensifie.
Les pourcentages des deux candidats Mme Le Pen (23,15%) et M. Zemour (7,07%) atteignent 30% de l’électorat, montrant combien le discours nationaliste et populiste de ces candidats a gagné en influence. Cette évolution n’est pas uniquement due à la situation inflationniste actuelle provoquée par la guerre en Ukraine, qui réduit considérablement les revenus et la prospérité de larges couches de la population en France. Il exprime les changements plus profonds des électeurs français vers des perceptions favorisant un leader « anti-systémique ». Un dirigeant qui, sans sensibilités libérales « inutiles » et processus démocratiques, peut résoudre « comme par magie » ses problèmes quotidiens, qui proviendraient principalement de la présence d’immigrants étrangers mais aussi de produits étrangers importés. Par conséquent, un ancrage national et un détournement de l’intégration européenne sont recherchés. La sympathie pour le président Poutine n’est évidemment pas une coïncidence.
Alors que les candidats des partis du système traditionnel de droite et de gauche ont décliné, les opinions politiques libérales et la perspective européenne stable de l’actuel président Macron ont été récompensées par 27,84 % de l’électorat. Mais il a été accusé par ses opposants politiques d’élitisme, d’arrogance et d’indifférence aux problèmes des gens alors qu’il tentait des réformes libérales « anti-populaires ».
La personnalité de gauche et charismatique de M. Melanson, avec 21,95 % des suffrages, attire surtout les jeunes et les couches modestes avec sa rhétorique radicale et populiste. Mais avec son radicalisme, il effraie la bourgeoisie et est en retard sur l’apparition de l’inoffensive Frau Lepen.
La question est de savoir si les électeurs de M. Melanson pencheront pour M. Macron « socialement douloureux », comme le décrit leur chef, ou s’ils favoriseront Mme Lepen, qui constitue une menace pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme. Les prévisions sont discutables. La liberté et la démocratie garanties par M. Macron finiront-elles par être plus importantes pour la majorité des électeurs français que les solutions « magiques » aux problèmes promises par Mme Le Pen ?
* M. Napoléon Maravegias est professeur d’économie politique à l’Université nationale et kapodistrienne d’Athènes, ancien ministre.
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