Pris au piège de la stagflation, tout indique que la mission de la zone euro et de la BCE est à la fois difficile et dangereuse. En trois mois, Christine Lagarde a annoncé une hausse des taux de 200 points de base, soit 2%, une hausse totale qui a duré au moins 18 mois les deux dernières fois. Cela montre peut-être la criticité de la situation en termes de précision et d’inflation.
Personne ne sait jusqu’où iront les taux d’intérêt. Le consensus des analystes estime que le taux de dépôt, qui est passé à 1,50 % hier (contre -0,50 % en juillet), atteindra 3 % au début de 2023, mais encore une fois, les choses sont si fluides qu’elles ne sont pas certaines qu’elles puissent être prédites. Lagarde a même complètement abandonné la fameuse « forward guidance », déclarant que les décisions en matière de taux d’intérêt seront prises sur la base des données d’inflation disponibles à chaque réunion. La BCE tentera de freiner la demande pour déprimer les prix, et le fera coûte que coûte au détriment de la croissance.
Lagarde lui-même a admis hier que le ralentissement économique s’aggravera au moins jusqu’au printemps 2023 et qu’une récession est imminente. Mais la BCE, a-t-il ajouté, doit faire son travail et donner la priorité à la lutte contre l’inflation. Il a également reconnu que l’inflation restera élevée pendant longtemps. Ainsi, une ère d’activité économique limitée et d’augmentation rapide des prix, le soi-disant piège de la stagflation, a déjà commencé.
Le gain de 0,75% d’hier était un terrain d’entente pour garder toutes les parties raisonnablement heureuses. Si la BCE décidait de relever ses taux de 1 %, Lagarde serait « la prisonnière de Berlin » et le faucon. Si la BCE procédait à une hausse de 0,50 % plus faible que prévu, Lagarde veillerait aux intérêts du Sud et, bien sûr, de la France à la suite de l’intervention de Macron. Maintenant que la BCE a relevé ses taux de 0,75 % comme prévu, c’était… jeudi seulement.
Le « non-événement » pour les marchés dont nous parlions hier a été confirmé, mais avec une note de bas de page très critique. Lors de la prochaine réunion du 15 décembre, les membres du directoire de la BCE discuteront de la possibilité d’une contraction du bilan, connue sous le nom de QT – l’opposé de QE. Dans le même temps, Lagarde a rappelé que bien que cela n’ait pas du tout été discuté dans le DS, le TPI existe pour les périodes de difficultés (où la période de difficultés est la hausse continue des rendements des obligations d’État).
Maintenant, la BCE va très probablement continuer avec des hausses de taux plus importantes dans les mois à venir, même si la récession s’avère plus profonde que prévu. Les marchés ont réagi très positivement au fait que le QT n’a pas été annoncé et que le communiqué de presse n’a pas été mentionné lors de la mention du TPI. Le rendement obligataire grec à 10 ans est passé sous les 4,5 % hier pour la première fois depuis le 23 septembre, et le rendement allemand correspondant est tombé sous les 2 %. Si les conditions le permettent et que le QT est publié en décembre, la réaction du rendement sera haussière.
QT sera sans aucun doute au centre du prochain débat de la BCE. Compte tenu de la dynamique des pressions inflationnistes, il est probable que la contraction du bilan de la BCE, qui implique le retrait de liquidités du système, sera désormais ouvertement discutée. Mais QT augmentera le montant de la dette publique que le secteur privé doit racheter à un moment où l’économie est en récession et où les gouvernements sont sous pression pour fournir un soutien. Par conséquent, le QT entraînera un élargissement des spreads et forcera éventuellement la BCE à activer le TPI.
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