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Après les manifestations record de mardi, les Français ont de nouveau rempli les rues du pays hier, combinant la protestation féministe traditionnelle avec la question brûlante du jour : le relèvement de l’âge de la retraite. ● Le gouvernement Macron a répondu par la tactique bien connue des frappes ciblées.
« Nous n’en pouvons plus » était l’un des slogans des manifestations massives qui se sont poursuivies hier à Paris et dans d’autres villes de France contre la réforme constitutionnelle que le président Macron pousse avec acharnement.
Cette fois, l’accent a été mis sur plus de 150 actions à l’occasion de la Journée internationale de la femme, avec même une manifestation symbolique d’environ 150 employés du musée du Louvre devant le tableau « Mona Lisa »: une réaction aux mesures gouvernementales qui affecteront particulièrement les femmes qui tomberont. en 2024, les femmes continuent d’être sous-payées par rapport aux hommes.
Le rassemblement historique de mardi a été précédé d’une participation record depuis des décennies : entre 1,2 million et 3,5 millions de manifestants, selon que l’on prend en compte les chiffres du ministère de l’Intérieur ou des syndicats.
En réponse à la force et à la détermination des travailleurs, le gouvernement a déployé des forces de sécurité. Il y a eu des incidents mineurs à Paris et dans d’autres villes avec 11 arrestations.
La pression sur l’intransigeant Macron va se maintenir dans les prochains jours. Les grèves dans les transports publics (y compris les lignes ferroviaires internationales), les aéroports avec jusqu’à 30% de vols annulés, les raffineries, la collecte des ordures parisiennes et d’autres secteurs se poursuivent aujourd’hui. Des mobilisations sont organisées dans les universités et les écoles.
Les ports de Marseille, du Havre, de Brest et de Rouen sont bloqués depuis hier dans une opération que les grévistes qualifient de « ports morts ». Près de 6% des stations-service en France ont manqué d’essence ou de diesel hier.
Alors que la colère populaire a éclaté, le président Macron a répondu par la manipulation des communications et le chantage domestique.
L’hommage qu’il a rendu lors de la Journée internationale de la femme à feu la féministe Giselle Halimi – une avocate, politicienne et écrivaine qui s’est battue pour les droits des femmes – tout en promouvant la réforme des retraites dans la législature du pays avec des raccourcis, a même été qualifié d’hypocrite.
Le projet de loi controversé sera débattu cette semaine au Sénat, qui devait adopter hier soir l’article 7 pour relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Il est proposé que le texte définitif soit soumis au vote de l’Assemblée nationale le 12 du mois.
Le Parti de la Renaissance de Macron menace maintenant de destituer et d’expulser les députés du gouvernement qui votent contre ou manquent le projet de loi du groupe et des commissions parlementaires.
Et le représentant du gouvernement a tenté une énième fois de viser les grévistes, affirmant hier qu’avec les mobilisations et les blocages, ils « punissent les Français ».
Interrogé par les syndicats pour rencontrer Macron lui-même, Olivier Vérand a répondu que « la porte du gouvernement reste ouverte », fermant de fait celle du palais présidentiel.
« Nous savons que l’effort demandé par les Français n’a pas le soutien de la majorité », a-t-il reconnu. « Cependant, nous sommes convaincus que les solutions alternatives – telles que les augmentations d’impôts, la dette publique ou la réduction des retraites – ne trouveront pas un soutien majeur dans l’opinion publique », a-t-il ajouté d’un ton menaçant.
Pourtant, un nouveau sondage de l’Institut Ifop pour le journal L’Humanité montre que 65% des Français souhaitent que les mobilisations se poursuivent jusqu’au retrait du projet de loi.
Macron s’est engagé à le promulguer – un joyau de la couronne de ses politiques pro-entreprises – arguant que le système de retraite actuel n’est pas viable. L’opposition de gauche s’oppose à l’augmentation des impôts sur les sociétés, les grandes fortunes et les hauts revenus pour les financer. Les syndicats espèrent que les grèves et les manifestations obligeront le gouvernement à faire des concessions dans le cadre d’un processus législatif compliqué et ambigu.
Ils appellent déjà à une nouvelle « journée d’action » pour samedi, c’est-à-dire à des manifestations à l’échelle nationale.
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