La question du foulard musulman relance le débat public en France, alors que le président Emmanuel Macron et le gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe ne sont pas d’accord sur la question de savoir si les mères devraient être autorisées à paraître voilées lorsqu’elles accompagnent leurs enfants aux activités scolaires, même si cela n’est pas interdit par la loi.
La question du foulard musulman revient sans cesse et suscite des tensions en France, pays laïc.
Cette fois, les tensions ont de nouveau éclaté lorsqu’un élu local d’extrême droite a attaqué une femme portant le foulard qui accompagnait un groupe d’enfants à une réunion municipale dans le centre-est de la France, provoquant les larmes de son fils et le dégoût de ses collègues.
Selon un sondage Ifop Fiducial, deux Français sur trois (66%) sont favorables à l’interdiction des symboles religieux visibles comme le foulard musulman aux parents des élèves les accompagnant aux activités scolaires.
La loi française interdit le port de symboles religieux visibles tels que le foulard musulman et la kippa juive à l’école, et les autorités ont demandé aux accompagnateurs lors des sorties scolaires de ne pas non plus les porter. Mais une étude du Conseil d’État français a conclu plus tard que les encadrants ne sont pas soumis à la législation sur la neutralité religieuse imposée aux enseignants.
Le Sénat se saisira du sujet la semaine prochaine, avec une commission qui examinera un projet de loi présenté par la droite française.
Même si le ministre de l’Education Jean-Michel Blanche a rappelé dimanche que « la loi n’interdit pas aux femmes voilées d’accompagner des enfants », il a ajouté : « Le foulard en soi n’est pas souhaitable dans notre société » car « le foulard affecte l’état de santé », raconte les femmes. ce qu’il dit de nos valeurs.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, et le ministre du Budget, Gérard Darmanen, qui appartiennent, comme le Premier ministre Philippe, au parti politique de centre-droit, ont partagé l’avis du ministre de l’Éducation.
« Il faut savoir quelle culture on veut défendre. « J’ai une culture dans laquelle la religion reste dans la sphère personnelle, privée et n’a pas sa place dans la vie publique », a déclaré Bruno Le Maire.
« Je préférerais que les femmes, dans le cadre de la république, en France, ne portent pas de foulard », a déclaré Gérard Darmanin, ajoutant toutefois que « ce n’est pas le problème principal de la république ».
Mais les avis sont partagés au sein du gouvernement français.
Les responsables du gouvernement de centre-gauche de Philip occupent des postes liés au « multiculturalisme » et aux « échanges interculturels ».
La porte-parole du gouvernement Sibet Diage a parlé des voyages scolaires pour « de bons moments, car les femmes qui portent le foulard se rencontrent et des femmes comme moi qui ne vivent pas forcément dans des mondes identiques, et un échange s’opère » et favorise ainsi leur intégration.
Le ministre chargé du numérique, Sadrik O, a évoqué sur Twitter son enfance à Villeurbanne, où des mères avec le foulard accompagnaient parfois les enfants lors des sorties scolaires et cela « ne posait jamais de problème, je n’ai constaté aucune tentative de conversion ».
« C’est un débat que je ne comprends pas », a déclaré un autre membre du gouvernement de gauche. « Le foulard n’est pas interdit dans l’espace public. Dans la rue ou dans le parc, tous les enfants et femmes portant le foulard se croisent.
Ce désaccord reflète aussi l’absence de ligne claire d’Emmanuel Macron. La France réfléchit à la place et à l’organisation de l’islam dans le pays, à l’heure où la population adepte de la foi ou de la tradition musulmane a augmenté de façon spectaculaire sur le territoire de la France métropolitaine après la guerre.
Il reste un sujet de tension dans la société française et constamment alimenté par des incidents comme le port du voile intégral musulman par les femmes, les horaires d’ouverture séparés de certaines piscines pour les femmes musulmanes ou la remise en cause de certains programmes scolaires.
En France, la loi régissant la séparation de l’Église et de l’État et l’établissement d’un État populaire remonte à 1905. À un moment donné, il est apparu qu’Emmanuel Macron avait l’intention de réviser cette loi pour inclure plus efficacement la foi musulmane.
« Mais rien ne bouge », affirme un membre de la majorité gouvernementale centriste à l’Assemblée nationale, selon qui « il n’y a ni le climat ni les personnalités qui pourraient mener la discussion avec sobriété ».
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