La lutte inégale de Macron

Le projet de modernisation est une entreprise politique extrêmement complexe et difficile. L’adaptation aux réalités économiques, sociales et technologiques du présent se heurte aux idéologies mortes, aux idéologies dépassées et aux ancres du passé. Bien qu’il s’agisse d’une nécessité évidente, elle rencontre une forte résistance.

Le changement et la réforme sont opposés par ces forces qui s’accrochent aux anciens modèles et érigent un mur de déni et de défi. Soit parce qu’ils sont gouvernés par un sentiment d’insécurité et d’incertitude. Soit parce qu’ils deviennent prisonniers des démagogues et des populistes. Ils ne veulent fondamentalement pas se réconcilier avec la réalité. Son comportement rappelle celui de quelqu’un qui pleure dans le noir pour surmonter sa peur.

En période de transition, le conflit entre progrès et préservation prévaut dans les sociétés avancées d’Europe. D’une part, l’instinct politique des partisans de l’innovation est stimulé et d’autre part, les syndromes phobiques sont réveillés. Le fondement de nouvelles approches et réponses s’oppose aux symptômes du déclin et du retard.

La vérité est que la construction de l’intégration européenne est une idée émouvante pour tous ceux qui regardent vers l’avenir et veulent faire face à de nouveaux besoins et exigences. Au contraire, pour les anti-européens, c’est toujours une maison hantée qu’ils veulent détruire. Bien qu’ils soient eux-mêmes coincés dans le passé et que les fantômes du passé reviennent au premier plan.

C’est ainsi que je pense que les changements tectoniques en France sont interprétés. La concurrence politique a continué à cristalliser ses caractéristiques fondamentales. Malgré sa faiblesse, Emmanuel Macron reste le principal représentant des idées progressistes et innovantes. Sa présidence se caractérise par quelque chose de très important : il a montré que l’efficacité économique et la politique sociale peuvent être combinées. Bien sûr, il suffit d’avoir le plan nécessaire et de suivre la bonne méthode. Les accusations de néolibéralisme, dont certains dans notre pays l’accusent aussi, s’avèrent inexistantes et rétrogrades si elles ne sont pas dictées par l’aveuglement politique. De plus, son européisme est un moteur pour une France extravertie, contre le réveil nationaliste et l’explosion des populismes.

Dans le même temps, ses adversaires Jean-Luc Melanson et Marin Le Pen sont considérés comme porteurs de perceptions rouillées, anachroniques et dangereuses. Bien qu’ils représentent des mondes différents, l’essence de leurs propositions sur les questions clés est essentiellement la même. Finalement, leurs réservoirs politiques sont nourris du poison du nationalisme et du populisme.

Leur euroscepticisme suit un cours de conscription. Leurs stratégies renvoient à des recettes ratées et sans espoir. Son discours public respire l’hostilité et la toxicité. Vos divergences existantes passent inévitablement à l’arrière-plan. Le tableau d’ensemble est dominé par son obsession du passé, obsession et ombre, qui forment deux forts courants d’irrationalité distincts mais complémentaires.

Pourtant, le gros problème en France n’est pas l’élitisme de Macron. Pas plus que le comportement impérial dont certains l’accusent. Nul doute que sa façon de gouverner est critiquable. Après tout, personne n’est à l’abri. Son défi repose avant tout sur les politiques qu’il défend et incarne.

Une société complexe et dans l’impasse a raison de détester la rationalité, mais aussi de préférer la voie de la privatisation, indifférente au politique lui-même, l’identifiant en fait au service des aspirations et des intérêts personnels et questionnant sa valeur. La rhétorique de dénonciation et de nivellement des forces de l’ethno-populisme amplifie son discrédit. L’abstention sans précédent aux élections législatives françaises montre que la crise de la représentation prend désormais des dimensions particulières.

Si le président français devait être critiqué pour quelque chose est qu’il perçoit la rationalité comme un exercice politique facile, alors qu’il s’agit d’une guerre constante avec des structures sociales pétrifiées, avec des intérêts syndicaux et clientélistes, avec des hiérarchies syndicales et partisanes imaginaires, et même avec des symboles politiques morts. Cependant, il ne suffit pas de croire en l’exactitude de votre politique, vous avez besoin d’une préparation préliminaire pour l’appliquer, élargissant ainsi votre acceptation et votre impact. Le succès en politique est intimement lié à sa dimension éducative. Sinon, vous marchez dans un champ de mines.

Onfroi Severin

"Twitter lover. Congenial writer. Award-winning thinker. Hardcore food fanatic. Lover of animals everywhere. Incurable analyst."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *