De la « mobilité de l’arc démocratique » contre les extrémistes de droite de Le Pen à un gouvernement minoritaire qui peut prétendre à la majorité sans pouvoir espérer ni même souhaiter la tolérance, et bien plus encore à la coopération de l’alliance de la gauche, dont France Melanchon a le noyau dur insoumis.
Du « front pandémocratique » contre Le Pen à la théorie éphémère des « deux extrêmes » entre élections présidentielles et parlementaires – extrême droite et gauche radicale – principalement dans la semaine entre les deux tours des législatives.
Durant cette période, l’adaptation du macronisme aux nouvelles conditions s’est achevée, avec un acte politique au sommet, le refus de Macron d’inviter ses électeurs dans les circonscriptions où s’est déroulé un duel entre les candidats de l’Alarme nationale de Le Pen et de la Gauche radicale de Mélenchon pour élire ce dernier, comme le veut la tradition historique de la solidarité démocratique .
Surmonter la droite-gauche en tant que bipolarité dépassée et domination hégémonique d’un centre qui est la coquille d’une droite libérale est une recette qui a été progressivement abandonnée au cours des cinq premières années de Macron.
Aujourd’hui, juste après les élections présidentielles et législatives, force est de constater que Macron a obtenu son second mandat grâce à son duel avec Le Pen.
Si Mélenchon avait couvert la courte distance qui le séparait de Le Pen dans le premier tour et avait battu Macron dans le second, le chef de la France indisciplinée aurait très probablement déménagé à l’Elysée.
Si les élections présidentielles et législatives qui ont suivi ont été les deux tours d’une compétition politique, alors les réactions violentes aux bouleversements provoqués en France et en Europe par la crise complexe – énergétique, alimentaire et des réfugiés – seront un tiers crucial pour l’Avenir du troisième tour du Vieux Continent.
La théorie à deux bouts a même dégénéré, puisque la théorie à un bout a besoin d’une normalité nationale et européenne menacée pour avoir crédibilité et portée politique.
Si l’on suppose qu’après le traité de Maastricht de fin 1991, la normalité politique de la France sera déterminée par sa volonté et sa capacité à s’adapter à la normalité allemande d’austérité budgétaire permanente dans la zone euro, alors la crise sans précédent dans laquelle l’UE . ce sera un parcours en eaux inconnues.
Pour la première fois, la normalité européenne est déconstruite au sens où elle ne donne plus à l’élite politique française l’alibi d’un TINA (Il n’y a pas d’Alternative), la stratégie Thatcher résumée en une phrase par son gourou idéologique, Norman Tebbitt.
Sans Le Pen comme menace pour la normalité européenne, Macron ne serait probablement pas réélu cinq années difficiles dont personne aujourd’hui ne risquerait de négliger leur achèvement normal.
(Yorgos Kapopoulos est journaliste-internationaliste)
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