Un siècle avant les mémorandums, l’armée grecque s’oppose farouchement à l’européanisation de sa gastronomie
Chaque saison a ses propres tabous alimentaires, universels ou partiels. Il y a quelques semaines, les médias gouvernementaux se sont livrés à une analyse approfondie de l’opportunité ou non de manger du calmar, à commencer par des articles douloureux d’un réalisateur gréco-américain et d’un chroniqueur de « Kathimerini » qui ont noté qu’ils sont des « créatures brillantes » (plus, non, des cochons ?).
L’accent communicatif de courte durée sur cette « nouvelle » particulière avec un coup d’ouverture de Mareva et Adonidos a évidemment suivi la nécessité de pousser les prix du carburant, même temporairement, hors de l’esprit des électeurs de petite et moyenne taille ; De plus, en tant que tireur d’élite Polakis, il avait déjà critiqué publiquement un cas correspondant d’octopophilie du parti « Avgi ».
« Les Grecs n’ont pas l’habitude de manger ce genre de viande » | Général Panagiotis Daglis, 14/08/1918
A notre époque libérale, bien sûr, de telles décisions restent strictement individuelles, de sorte que les arguments associés dégagent un clair ridicule. Cependant, ce n’était pas le cas à d’autres moments et dans des conditions qui donnaient à des thèmes culinaires similaires un caractère oppressant et suscitaient des réponses réflexives collectives aux ramifications institutionnelles. Un tel cas des années de la Première Guerre mondiale, que nous avons retrouvé aux Archives générales de l’État (Archives du Bureau politique du Premier ministre, feuille 215), nous concernera aujourd’hui.
Mules Bourguignonnes
Nous sommes à l’été 1918. Les Anglo-Français ont expulsé le roi Constantin de Grèce et réuni le pays sous le gouvernement de Venizelos, qui est en train de former une nouvelle armée régulière sous la supervision et la direction alliées, et en utilisant des tribunaux militaires et des tribunaux spéciaux. forces pour écraser l’opposition dispersée d’une population loin de vouloir sacrifier son sang et sa santé au grand abattoir européen. Malgré les désertions massives et les mutineries répétées qui secouent leurs rangs, l’armée grecque est passée à 250 000 fantassins et apportera une contribution majeure à la prochaine poussée alliée de l’armée de l’Est contre les Allemands-Bulgares.
A ce moment, l’idée géniale de la logistique française de recycler tous les transports à cheval désaffectés des troupes alliées en vivres provoque une crise imprévue au sein des défenses nationales. Le 3 août, en désespoir de cause, le chef de la société Kozani adresse le document suivant à l’administration militaire Kozani-Florini :
« J’ai l’honneur d’annoncer que la logistique française a accordé aux hommes une demi-livre de viande hier. Vous allez vous-même voir le commandant de la logistique française pour lui dire que nos hommes ne mangent pas ce type de viande, il a répondu qu’il avait un tel ordre, malgré ses supérieurs. Etant donné que cette viande ne nous parvient pas, que la logistique française n’en livre pas non plus, et que les hommes sont donc privés de viande, malgré la logistique française à Thessalonique, merci d’agir comme bon vous semble et de commander si possible tel/ car cet endroit ne devrait pas en fournir le reste avec de la viande, car même si elle a été conservée, la volonté nous reste nécessairement inutilisée.
Comme nous l’apprend la suite, l’idée pertinente n’est pas venue d’un seul collecteur colonialiste qui voulait économiser sur la consommation de viande des indigènes conscrits, mais du commandement français de l’armée vénézuélienne lui-même. du GES admet également, dans ces années « Le commandement suprême et le haut commandement du front macédonien ont été intimidés jusqu’à la fin des opérations sous la direction de dirigeants étrangers » (« La Grèce et la guerre dans les Balkans, 1914-1918 », Athènes 1958, p.xi).
La veille du 15 août, le commandant général de l’armée grecque, Panagiotis Daglis, a lancé un appel au Premier ministre (et ministre de la Défense) Eleftherios Venizelos lui-même, lui demandant de résoudre la question au plus haut niveau possible par une consultation centrale avec la direction de les forces alliées/occupées. Comme tout colonisé qui exige un respect élémentaire de ses patrons, il ne faillit même pas à l’argument suprême – la nécessité de respecter la spécificité et la sensibilité « religieuses » des indigènes, qui ne peuvent embrasser pleinement les valeurs culturelles de leurs supérieurs :
« Monsieur le président
J’ai l’honneur de vous apporter une copie d’une lettre du Général-Général de l’Intendance française, M. Adam, au Commissariat de l’Armée, déclarant que le Commissariat français ici souhaite fournir à nos troupes des chevaux et de la demi-viande, en raison à une maladie non contagieuse qu’elle a abattue.
On sait quel tumulte ils provoquèrent dans les corps militaires lorsqu’ils tentèrent de distribuer une telle viande.
Car, Monsieur le Président, comme le montre le document, malgré toutes les protestations verbales de mon service logistique, la logistique des troupes alliées est prête à distribuer une telle viande aux troupes grecques, sans pouvoir accepter nos objections, s’il vous plaît comme vous je Je suis content, malgré la Commission interalliée et l’ordre d’agir pour que le service français n’essaie pas de distribuer une telle viande car, d’une part, les Grecs n’ont pas l’habitude d’en manger, mais c’est aussi contraire à nos convictions religieuses coutumes, et donc inconfortables à prévenir, ce qui les provoquera certainement « (Dans Stratégie générale 14/08/1918, entrée Protocole n° 709/20/08/1918).
Malheureusement, le contenu du dossier ne nous renseigne pas sur la suite de l’affaire. De la participation massive des unités grecques aux combats meurtriers des semaines suivantes, cependant, on peut deviner qu’à la fin, soit les conservateurs allodoxes ont reculé, soit les combattants locaux ont été convaincus des effets bénéfiques de la consommation de mulets. Sans prévenir le Pape, bien sûr…
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