François Ozon : « J’aime recevoir »

« J’ai toujours voulu raconter un jour l’histoire d’un… faux criminel. » c’est la première chose que dira le réalisateur François Ozon lorsque nous nous sommes rencontrés il y a quelques mois à Paris, à l’occasion de la présentation de son film « Mon crime » dans le cadre du festival de promotion du cinéma français Unifrance.

Pour la réalisatrice chevronnée de 55 ans, créatrice de nombreux grands succès du cinéma français moderne (dont Huit Femmes), le cinéma est un dans tout « L’art du mensonge »donc c’est une histoire « mauvais délinquant » cela lui irait parfaitement. Il a trouvé l’occasion de concrétiser cette idée en lisant la pièce à succès « Mon crime » de Georges Berre et Louis Verneig.

La pièce se déroule dans le Paris des années 1930, où Madeleine (Nadia Tereskiewicz), une belle jeune actrice sans le sou, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Avec l’aide de sa jeune amie avocate Pauline (Rebecca Marder), Madeleine parvient à se faire acquitter en invoquant la légitime défense. Une nouvelle vie de célébrité commence. Mais la vérité est-elle ailleurs ?

Ozon aux côtés de Fabrice Luchini et Isabelle Huppert sur le tournage du même film.

« Isabelle Hepert tue… tout le monde »

Dans ce cadre, Ozon a créé une comédie élaborée dans le domaine de l’éternel conflit entre les deux sexes. « Comme le rapport de force entre les hommes et les femmes a changé, il était important pour moi de situer cette histoire dans les années 1930. » il a dit. « Parce qu’il était important pour moi de regarder cette époque avec le recul nécessaire, mais en même temps, je voulais adapter le cas de manière à ce qu’il corresponde aux problèmes actuels de pouvoir et de politique de genre. »

Au cours de ses recherches, Ozon découvre que de nombreux meurtres ont été commis par des femmes dans les années 1930, notamment Violet Nozier, joué par Isabelle Huppert dans le film Violet Nozier (1978) de Claude Chabrol. C’est l’une des raisons pour lesquelles Ozon a choisi la même actrice pour son propre film. Dans « My Crime », la star française de 70 ans assume le troisième rôle féminin, une femme d' »un autre » temps qui jouera un rôle déterminant dans le développement de l’histoire. « On sait bien sûr qu’Isabelle Huppert tue tout le monde » plaisante le réalisateur.

Comédie déjantée et… documentaire

« Quoi qu’il en soit, les femmes à l’époque ont évité le meurtre, et j’ai trouvé intéressant de regarder comment elles le faisaient aujourd’hui. » Comme les gens ne voyaient pas ces crimes comme des actes féministes à l’époque, il n’y avait aucune raison d’évoquer ces choses dans la procédure judiciaire. Quelque chose qui en soi éveille la curiosité parce que c’est tellement contraire à ce qui se passe aujourd’hui.

Avant tout, l’humour devrait être l’outil d’intrigue le plus important du film. « Je voulais faire une comédie avant tout parce que le sujet du projet appelait cette opportunité » il a dit. « Étant donné que le patriarcat était fort en France dans les années 1930 et que les femmes n’avaient pas le droit de voter, l’idée que deux femmes intelligentes aient trouvé le moyen de réussir et de retrouver leur liberté peut d’abord sembler un piège, mais ensuite elle devient porteuse de une sorte d’idéologie. Je n’étais pas du tout intéressé non plus par la compétition féminine, mais par la sororité féminine.

François Ozon dit avoir étudié de nombreuses comédies de cette période (années 1930), notamment les comédies tordues américaines tournées avant le Hayes Code prohibitionniste, qui ont complètement changé la philosophie du cinéma. «Ce que j’ai aimé, c’est que les femmes avaient un pouvoir énorme avant les talkies-walkies, et j’étais intéressé à vivre à cette époque pendant un certain temps juste avant le grand changement dans le monde du cinéma. Avant la chute du Mur, les femmes au cinéma étaient tellement à la mode et tellement dynamiques. Et je pense que c’est assez impressionnant de voir ça aujourd’hui. »

Pour l’ozone « Le même sujet pourrait être représenté sous la forme d’un drame » il a dit. « Mais ce n’était pas l’idée. L’idée était de plaire à tout le monde avec de la comédie. C’est amusant de divertir.

ennemi de la répétition

Une des caractéristiques des 22 longs métrages de François Ozon à ce jour est qu’ils ne se ressemblent jamais. Quelques exemples : Son prédécesseur immédiat « Peter von Kant » est son interprétation du réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder. Dans « Summer of ’85 », il décrit une histoire d’amour entre deux garçons au milieu des années quatre-vingt. « La volonté de Dieu » fait référence à un scandale impliquant l’Église catholique. « La Piscine » est un thriller psychologique avec deux protagonistes féminines (Charlotte Rampling, Virginie Letouien). « Under the Sand » est un drame mystérieux sur une disparition. « 5 fois 2 » c’est cinq chapitres de l’histoire d’une relation de couple illégale.

« S’il y a une chose qui m’ennuie et que je n’aime pas du tout, c’est la répétition. » Le réalisateur répondra lorsque notre conversation abordera la richesse des sujets de ses films, si divers. « J’adore faire des films et j’adore expérimenter quelque chose de différent à chaque fois pour raconter mon histoire. Dans le cas de « Crime », il s’agit probablement du troisième volet d’une trilogie aux côtés de « Huit femmes » et de « Potiche », puisque les trois films traitent avec humour et élégance du sort des femmes. Mais je n’ai pas de stratégie, je n’ai aucun intérêt à être appelé auteur. Si je n’aime pas faire un film moi-même, je ne le ferai pas.

https://www.youtube.com/watch?v=RvxPtZV1xXU

Le film « My Crime » sort en salles le jeudi 1er juin.

Erec Parris

« Passionné de Twitter. Érudit du bacon. Ninja du café. Évangéliste du Web subtilement charmant. Introverti.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *