Elections en Grèce et en Turquie : peu d’intérêt pour le second tour

Michalis Mavropoulos écrit de Paris


Lundi matin, 22 mai, quel citoyen grec ordinaire n’aimerait pas lire ou entendre des commentaires, des jugements et des opinions sur les résultats des élections d’hier ?

Malheureusement, le temps d’impression d’un journal étant impératif, sauf cas exceptionnel, le texte d’aujourd’hui a été rédigé quelques heures avant l’élection d’hier, de sorte que l’auteur n’a pas pu citer les commentaires des journaux français sur l’actualité électorale grecque.

Il faut attendre le deuxième tour en juillet. En général, les résultats des élections suscitent toujours la curiosité du public. Je me limiterai donc aux reportages de la presse française avant huit heures sur les élections dans le pays voisin de la Grèce, la Turquie.

Comment ont-ils traité les résultats électoraux, parlementaires et présidentiels en Turquie, les ont-ils commentés et quelles conclusions en ont-ils tirés ? Erdogan espère confirmer les résultats le 28 mai. D’une part, ils ont reconnu la large participation des citoyens à la campagne électorale (presque (90%)) et d’autre part, ils ont souligné les talents de rhétorique et de séduction du leader autoritaire.

Dès le début, il faut dire : les deux piliers d’une Europe unie, l’Allemagne et la France, dans lesquelles de nombreux Turcs vivent et travaillent, étaient indiscernables avant même que le résultat du premier tour des élections, notamment à Paris, ne soit indiscernable en raison de leur sentiments amicaux envers Erdogan.

La France indique qu’elle est diplomatiquement préoccupée par le rôle que la Turquie prétend jouer sur la scène internationale grâce aux initiatives du leader islamo-conservateur, partisan du pouvoir politique absolutiste du pays.

Selon les dernières données, les Turcs de France, qui vivent principalement dans les régions de l’Est du pays (Alsace, proche de l’Allemagne) et dans la région de la capitale, ont voté massivement pour Erdoğan.

Il faut préciser que Paris tolère mais désapprouve le fait que l’Etat turc exerce un contrôle sur les lieux de culte à l’étranger (mosquées). Il n’oublie pas non plus l’échange amer que Macron a eu avec Erdogan sur la libre navigation des navires de guerre français en Méditerranée orientale.

Par ailleurs, la France n’a jamais caché son mécontentement face à la mégalomanie que Le Sultan déploie théâtralement sur la scène mondiale. Ce n’est pas un hasard si le jour des élections, le 14 mai, l’hebdomadaire du Dimanche a posé la question dès le début de la première page : Erdogan peut-il être renversé ? Pour le savoir, il faudra attendre le second tour de la campagne électorale du 28 de cette année.

Le journal conservateur du matin « O Figaro » a complètement trompé ses lecteurs avec son scepticisme modéré envers la politique d’Ankara, qui a été pratiqué à ce jour. De son côté, la soirée « Le Mont », qui jouit de la réputation d’une présentation « objective » des événements et cultive avec succès le oui et le non, tente d’expliquer la réussite relative du président sortant.

Comment a-t-il réussi à obtenir un résultat au premier tour qui garantissait presque son élection ? Le journal note qu’il a mis en place un système de clientèle, offrant des subventions en espèces à ceux qui le soutiennent en échange de leurs votes.

Le jour de l’élection (nous informe Le Mont), il a lui-même distribué des billets de 10 euros aux enfants qui l’attendaient devant le bureau de vote où il a voté. Pour s’attirer les bonnes grâces des familles en faillite à cause de l’inflation (45 % par an), il augmente les salaires, abaisse l’âge de la retraite et subventionne les factures de gaz et d’électricité que doivent payer les consommateurs.

Dans l’ensemble, la presse souligne le résultat sans espoir du nationaliste Ogan, un extrémiste de droite qui, avec ses 5,3%, a l’opportunité d’influer sur le résultat du second tour. Le premier tour a rendu difficile la victoire d’Erdogan (49,60%) et encore plus de Kilicdaroglu (45%).

Ogan évite de commenter le second tour mais a déclaré qu’il voulait que 3,5 millions de réfugiés syriens soient expulsés de son pays. Il donnerait son vote à celui qui les chasserait.

Hostile à l’ami autoritaire et autoproclamé de l’Islam Erdoğan, le « libérateur » modernisateur critique de nombreux points de sa politique, notamment ceux qui entravent la libre expression des citoyens turcs et kurdes. Seuls les « humanistes » communistes critiquaient ouvertement la politique du « sultan », la qualifiant de paradigmatiquement antidémocratique.

Kilicdaroglu a marqué le mois des sunnites extrêmes en déclarant publiquement qu’il était alévi. Les journaux français, pour des raisons inconnues, ont évité de mentionner l’alévisme, qui glorifie la sécularisation de l’État, le séparant de la religion.

Les alévis (une branche hétérodoxe du mahométisme) ne nient pas leur affinité religieuse avec les chiites d’Iran. Ce sont des gnostiques qui acceptent l’incarnation apparente de Mahomet et valorisent la connaissance plutôt que la croyance.

Ils refusent d’entrer dans une mosquée et prônent philosophiquement et théologiquement l’existence d’un être suprême qui ne s’immisce pas dans les affaires humaines. Tout cela, compte tenu de la médiocrité rhétorique de Kilicdaroglu, a contribué au résultat décevant pour ses fans…

Aglaë Salomon

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