jeudi 9 juin 2022 à 00:01
Enfin, il n’y a pas de travail plus « inutile » que celui mené avec beaucoup de sérieux par plusieurs spécialistes des sciences sociales à travers le monde, dont beaucoup en Grèce. Pourquoi se sont-ils lancés dans l’analyse de phénomènes tels que l’euroscepticisme, l’ethnopopulisme et l’anti-systémisme ces dernières années alors que l’on lit dans l’actualité tout ce qu’il faut savoir sur les causes de ces phénomènes ?
Nous faisons bien sûr référence à la décision scandaleuse de la Commission de débloquer la part polonaise des fonds européens pour la reconstruction post-pandémique. Des fonds qui ont été bloqués parce que la Pologne a violé de manière flagrante l’État de droit en interférant avec le système judiciaire et en restreignant les libertés individuelles telles que l’avortement.
Il n’aura fallu que 100 jours à la Pologne pour représenter le bon garçon en organisant l’accueil des réfugiés d’Ukraine pour changer le président de la commission non poursuivi, avec l’aide bien sûr de la France, qui souhaite que la Pologne lève son veto à l’impôt minimum sur les sociétés.
En seulement 100 jours, les grandes gueules se sont promenées pour le respect de l’État de droit dans l’Union. « Travail à faire » pour faciliter un leadership totalement incompétent, zéro légitimité.
L’Union européenne a été fondée pour secouer les cendres de l’Holocauste. L’idée d’Europe, telle qu’articulée par les traités de Rome, allait bien au-delà de la tactique utilitaire consistant à forger des intérêts économiques communs pour éviter les conflits. Les Européens n’ont pas seulement uni nos portefeuilles. Nous avons collectivement reconnu certains principes de droit comme une condition capable et nécessaire de la prospérité et les reconnaissons donc comme inviolables.
L’UE elle-même apparaît comme une entité politique qui agit comme une communauté de valeurs.
Il n’est donc pas possible d’ignorer la violation occasionnelle de ces principes par les États membres, car d’une part l’Allemagne et la France ont des élections, et d’autre part parce que Mme von der Leyen ne peut pas mener à bien les missions que lui a confiées la chancelière Merkel , qui ont soutenu le vote des Européens de manière démonstrative ignorée lors des élections européennes de 2019.
Nous n’avons donc pas besoin d’experts pour comprendre pourquoi l’euroscepticisme et l’ethnopopulisme sévissent en Europe alors que l’hypocrisie et le cynisme sont institutionnalisés.
Il n’est pas possible à l’heure actuelle et lors du débat sur l’avenir de l’Europe pour Bruxelles de démontrer concrètement son mépris de l’État de droit. L’ukrainien est un subterfuge ridicule étant donné que le monde est désormais confronté à des crises successives. Aujourd’hui on a la pandémie et l’ukrainien, demain on a autre chose, c’est sûr.
Si la Commission se soucie vraiment des principes fondateurs de l’Union, rendez-nous service, à nous Européens : cessez immédiatement de les invoquer. C’est la seule façon de les protéger. Car tout ce qu’il fait aujourd’hui, même systématiquement, c’est dévaloriser les principes de l’Etat de droit.
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