Paroles : Stefanos Gravanis
Après le premier tour du scrutin du 10 avril et l’émergence d’Emmanuel Macron et de Marin Le Pen comme les deux candidats à la présidence française, la frustration et la réflexion sont les sentiments que les électeurs français expriment avec une préférence pour d’autres candidats.
Lors des sondages précédents au début du premier tour de scrutin, 70 % des électeurs n’étaient pas particulièrement ravis de voir à nouveau le duo de ces candidats comme les prétendants définitifs à la présidence.
Dans le même temps, l’Unité populaire (la coalition politique centrée sur la France insoumise de Jean-Luc Melenson) est apparue comme une troisième force, de manière assez inattendue et malgré les prédictions impliquant la classe populaire/ouvrière, la jeunesse et diverses forces sociales et sociales ont exprimé des mouvements politiques. Il est significatif qu’elle occupe la première place dans les préférences des jeunes de 18 à 24 ans et laisse espérer une autre vision socio-politique des choses.
Déjà au premier jour après la première élection dimanche, les deux candidats tentent de les rejoindre, malgré leurs différences idéologiques et socio-politiques.
Apparemment, ce second tour ne sera pas le même qu’en 2017. E. Macron, rigide sur de nombreux sujets socio-politiques et annonçant le relèvement du plafond des retraites à 65 ans, dans son premier entretien avec BFMTV a accepté d’apporter quelques modifications à sa proposition de politique de retraite à discuter. Pour renverser le climat, il s’est rendu dans les zones industrielles du nord-est de la France, à Mulhouse et Strasbourg, où régnait aussi la réprobation.
Pour sa part, Marin Le Pen tente de dépeindre une figure plus condescendante et pro-populaire avec des mesures telles que l’introduction du Référendum d’initiative citoyenne, mais on ne sait pas comment et à quelle fin elle apparaîtra en politique.
Veut déposer à l’Assemblée nationale une proposition purement raciste sur la loi sur la priorité nationale dans le logement ou l’emploi des Français (alors que, par exemple, 80 % des logements sociaux sont accessibles aux Français), et le foulard interdit parce que, prétend-il, est un symbole islamique et non un vêtement musulman. En confondant les notions de culture et de vie quotidienne, ou plutôt en les utilisant comme des outils, elle suscite interrogations et suspicions chez une grande partie des Français quant à ses véritables intentions.
Les salariés de Macron veulent en profiter. Selon des responsables du parti et des jeunes, ils se focaliseront sur la répression et les atteintes aux droits qui existeraient en France si Marin Le Pen était au pouvoir. Dans le même temps, ils mettront en évidence les faiblesses de leur programme financier et la discrimination et le racisme qu’ils trouvent dans leurs propositions.
Montrer le visage sombre de son adversaire ne suffit cependant pas au président Macron pour prouver qu’il a un plan bien structuré et qu’il peut gouverner sans diviser les Français. Elle doit convaincre les électeurs de l’utilité de mesures telles que le travail de 20 heures pour obtenir de l’argent de soutien (indépendamment du fait que cela fonctionne déjà) et que cela soutiendra les plus faibles et les plus vulnérables. L’intention d’introduire des modèles néolibéraux dans le fonctionnement des écoles a également soulevé des questions.
Il est évident que le second tour n’impliquera pas seulement la confrontation des deux candidats, mais surtout la réflexion constante d’une grande partie de l’électorat sur la direction que prend la France après les annonces sociales et économiques des deux candidats et la nouvelle situation de du pays dans tous les domaines (économie, pouvoir d’achat, qualité de vie, environnement, travail).
* Stefanos Gravanis enseigne le français sur objectifs académiques et la culture française à la faculté de droit du DUTH
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