Hier, le président français Emmanuel Macron a accueilli le prince saoudien Mohammed ben Salmane avec une chaleureuse poignée de main à l’Elysée. Après la poignée de main, les deux dirigeants sont entrés dans le bâtiment sans échanger un seul mot.

Les organisations de défense des droits de l’homme ont vivement protesté contre la visite de Ben Salman en France, soulignant qu’ainsi la réputation internationale du prince saoudien, qui selon les agences de renseignement américaines avait autorisé l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien, avait été pour l’essentiel restaurée en 2018.

L’organisation américaine Democracy for the Arab World Now, peut-être mieux connue sous son acronyme DAWN, a fait appel à la justice française, exigeant que des poursuites pénales soient engagées contre le prince pour le meurtre de Khashoggi.

Sarah Lee Whitson, directrice exécutive de DAWN et ancienne directrice du Moyen-Orient à Human Rights Watch, a déclaré à Associated Press Television : « Le but de notre appel est que la justice française tienne le prince responsable. Depuis deux ans, nous préparons le recours pour intenter une action en justice si Bin Salman entre sur le territoire français. Nous savons qu’il n’y aura jamais justice dans l’affaire Khashoggi. Mais cela a même une signification symbolique, car sans de telles mesures légales, divers dirigeants du monde entier penseront qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Même massacrer un journaliste qui travaille pour le Washington Post. Ou kidnapper et torturer d’autres journalistes, écrivains ou militants partout dans le monde, sachant que personne ne les tiendra pour responsables. »

« Ils embrassent les dictateurs »

Dans le cadre de son voyage au Moyen-Orient, le président américain Biden a récemment rendu visite au prince Bin Salman à Riyad, qui a également été reçu à Athènes mardi dernier. On vous rappelle que Joe Biden a déclaré lors de la campagne électorale américaine qu’il traiterait l’Arabie saoudite comme un État paria.

Mais le temps change et la guerre en Ukraine avec la flambée des prix de l’énergie a attiré de nombreux pays vers l’Arabie saoudite. Pendant longtemps, l’Occident a tenté en vain de persuader Riyad d’augmenter la production de pétrole afin de faire baisser le prix de l’or noir et donc l’inflation.

Enfin, le directeur exécutif de l’organisation DAWN s’interroge : « Comment Macron et Biden vont-ils persuader l’opinion publique de soutenir l’Ukraine, de défendre la démocratie, l’État de droit et la lutte contre les crimes de guerre si, par exemple, ils embrassent des dictateurs au Moyen-Orient ? qui… envahissent-ils d’autres pays, bombardent-ils des civils, terrorisent-ils et torturent-ils non seulement leur propre peuple, mais aussi ceux qui se trouvent au-delà de leurs frontières ?

Stefanos Georgakopoulos (APTN, AFP)