Bruno Latour : Le grand sociologue est mort

Le sociologue, anthropologue et philosophe Bruno Latour est décédé dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 octobre à l’âge de 75 ans, selon le journal Le Monde à partir de sources familiales et des publications La Découverte. C’est l’un des intellectuels français les plus importants de sa génération, qui meurt après un long combat contre une maladie incurable. « Le plus célèbre et le plus méconnu des philosophes français », écrit le New York Times le 25 octobre 2018.

Lauréat du prix Holberg (2013) et du prix de Kyoto (2021) pour ses travaux, Bruno Latour s’est fait connaître en France et à l’étranger, et a été un temps incompris en France car ses objets de recherche semblaient présentés de manière disparate se sont révélés complètement faux, au contraire, la cohérence interne de son travail était appréciée. Il faut dire qu’avec ses importantes études de la vie en laboratoire il a abordé presque tous les domaines de la théorie sociale comme l’écologie, le droit, la modernité, la religion et bien sûr la science et la technologie.

Il fut l’un des premiers à reconnaître l’importance de la pensée écologique. En 2021, il avait déclaré à l’AFP que le changement climatique et les crises pandémiques avaient brutalement mis à nu une lutte entre « classes géosociales ». « Le capitalisme a creusé sa propre tombe. Il est maintenant temps de faire amende honorable.

Bruno Latour est particulièrement connu pour ses travaux dans le domaine des études scientifiques et technologiques. Après avoir enseigné à l’École des Mines de Paris (Centre de Sociologie de l’Innovation) de 1982 à 2006, il devient professeur à Sciences Po Paris (2006-2017), où il est directeur scientifique du Medialab de Sciences Po. En 2017, il a pris sa retraite de nombreuses activités universitaires. Il a également été professeur centenaire à la London School of Economics.

Latour est surtout connu pour ses livres We Have Never Been Modern (1991; traduction anglaise, 1993), Laboratory Life (avec Steve Woolgar, 1979) et Science in Action (1987). Bien que ses études sur la pratique scientifique aient été autrefois associées à des approches socioconstructivistes de la philosophie des sciences, Latour s’est clairement éloigné de ces approches. Il est surtout connu pour s’être éloigné de la division de l’objectif subjectif et avoir réinventé l’approche du travail en pratique.

En tant qu’étudiant, Latour s’est d’abord concentré sur la philosophie. En 1971-1972, il obtient la deuxième puis la première place (reçu second, premier) aux concours nationaux français (agrégation/CAPES de philosophie). Il a été fortement influencé par Michel Serres. Latour a obtenu son doctorat en théologie philosophique de l’Université de Tours en 1975. Le titre de sa thèse était Exégèse et ontologie : une analyse des textes de résurrection.

Latour a développé un intérêt pour l’anthropologie et a mené des recherches sur le terrain en Côte d’Ivoire, qui ont abouti à une brève monographie sur la décolonisation, la race et les relations industrielles.

Mélissa Sault

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