Ce que nous avons appris du premier tour

Le premier tour des élections présidentielles s’est déroulé hier dans un contexte où le système de partis traditionnel français a confirmé son effondrement.

Dans cet environnement, les conclusions générales sont difficiles. Examinons donc quelques faits intéressants.


-Abstinence à 25% avec un plus de 3 points.

– Macron et Le Pen au second tour avec une augmentation pour les deux. Au lieu d’un derby, nous avons eu une victoire de Macron avec 27,6 % contre 23,5 % pour Le Pen. Macron en hausse de 3,5% et environ +800 000 voix, Le Pen en hausse de 2,2% et environ +400 000 voix.

-Le second tour sera une bataille difficile, Le Pen semble avoir percé le soi-disant front républicain et dispose de pools de voix. Cependant, seulement trois fois depuis 1965, le deuxième au premier tour a remporté le deuxième tour.

-Résultat extrêmement positif pour Mélenchon avec 21,9%, en hausse de 2,3% et +500 000 voix. Il est le seul candidat solide de la gauche depuis une décennie. La politique n’est pas qu’une question de chiffres, mais il semble qu’il avait de sérieuses chances de se qualifier pour le second tour. Les partis de gauche et les autres candidats en lice ont sous-estimé ces possibilités.

-L’excellent résultat de Mélenchon se voit quand on regarde les résultats dans les 10 plus grandes villes de France. Parmi ceux-ci, Melanchon en a remporté 6 (Marseille, Toulouse, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Lille). Macron a gagné en 4. Le Pen a gagné en 5 d’entre elles à un chiffre et n’a enregistré que 5,5% à Paris où elle a terminé 6e.

-Les jeunes, notamment les 18-24 ans, ont voté pour Melanchon, les tranches d’âge dites productives, notamment les 35-49 ans, Le Pen et Macron l’ont largement emporté (41%) chez les plus de 65 ans.

– L’élection présidentielle sera décidée en grande partie par les électeurs de Mélenchon et non par Mélenchon lui-même, qui a déjà appelé à plusieurs reprises au non à Le Pen. Il ne doit pas y avoir de stigmatisation à gauche. C’est à Macron de convaincre les classes vulnérables, les classes rurales, les chômeurs. Faire chanter ces couches pour qu’elles votent pour quelqu’un qui réduit l’aide sociale et augmente les plafonds des pensions est suicidaire et destructeur à long terme.

– Cette fois, le centre-droit officiel s’est également effondré puisque Fillons a chuté de 20% à 4,8% de Pekres. Il a perdu 5,5 millions de voix. Plus bas historique pour le centre-droit.

-Les deux partis traditionnels centre-droit et centre-gauche représentaient ensemble moins de 7%.

-La nomination du maire de Paris par le Parti socialiste n’a recueilli que 1,75% et environ 600 000 voix. Un plus bas historique pour le Parti socialiste alors que les rumeurs de sa dissolution circulent. En 2017, la candidature d’Amon a été soutenue par les sociaux-démocrates et les verts, enregistrant 6,4 % et 2,3 millions de voix. Hier, les sociaux-démocrates et les verts (4,6 %) ont enregistré ensemble presque le même pourcentage avec une légère perte de voix.

-Pour la première fois en un demi-siècle, le Parti communiste a enregistré un pourcentage plus élevé (2,3%) que le Parti socialiste, bien qu’il soit le deuxième plus bas historiquement.

– Globalement, la gauche est en crise profonde et la seule chose qui sauve son image est la forte candidature présidentielle de Mélenchon. Non seulement il n’y a pas eu d’efforts substantiels pour une candidature commune à la présidence, qui pourrait vraisemblablement avoir lieu au second tour, mais nous avons également eu un échec des alliances existantes en 2017. Seule Ségolène Royal a exigé un vote pour Mélenchon. Le problème est grave et concerne l’avenir de la gauche avec un Parti socialiste fracturé et Mélenchon, déjà âgé de 71 ans et ayant participé à trois élections présidentielles. Le lendemain s’annonce extrêmement difficile.

– Aux élections législatives de juin, nous aurons une image meilleure, sinon exacte, de la situation politique. Confirmation d’une élection présidentielle ou d’une cohabitation ? Et à quelles conditions ? Le taux de participation aux élections générales de 2017 était inférieur à 50 %.

-Pour terminer:

Dans quelle mesure un système de partis construit autour d’un mouvement politique personnel avec Macron en son cœur peut-il être sain et stable ?

Le système traditionnel des partis se rétablira-t-il un jour ou se consolidera-t-il dans une nouvelle expression ?

Le pôle de gauche va-t-il se regrouper avec une expression partisane au-delà de la candidature personnelle de Mélenchon ? De toute évidence, beaucoup ici est jugé par les décisions du Parti socialiste. Macron et Mélenchon sont issus de périodes historiques et d’ailes politiques différentes du légendaire Parti socialiste français.

PS « Quand comprendrons-nous que l’histoire n’est pas linéaire ? » C’est ce que disait François Mitterrand à son psychanalyste en 1993.

Onfroi Severin

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