Lors de son premier voyage à l’étranger depuis qu’il est devenu Premier ministre israélien, le centriste Yair Lapid s’envole pour Paris aujourd’hui pour demander au président français Emmanuel Macron de « médier » pour sauver les négociations sur le gaz entre le Liban et l’État d’Israël.
Lapid a été nommé Premier ministre vendredi dans le cadre d’un accord avec Naftali Bennett qui a vu les deux alterner au poste de Premier ministre. En cas de dissolution de la Knesset, le parlement israélien, Lapid prendrait la relève en tant que Premier ministre jusqu’à la tenue de nouvelles élections, avec Bennett comme adjoint.
Ces dernières semaines, sa coalition a perdu sa majorité, ce qui a entraîné la dissolution du parlement, la convocation de nouvelles élections en novembre et l’accession de Lapid au poste de Premier ministre.
Il doit devenir Premier ministre par intérim jusqu’à la formation du prochain gouvernement.
Le lendemain de l’accession de Lapid au Premier ministre, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait abattu trois drones libanais du Hezbollah qui, selon elle, se dirigeaient vers le champ gazier de Karis en Méditerranée, au milieu d’une recrudescence des tensions ces dernières semaines entre Israël et le Liban.
Avant son départ pour la France, une visite initialement prévue pour son prédécesseur Naftali Bennett, Lapid a déclaré qu’il souhaitait parler au président Macron des « attaques répétées contre le champ gazier israélien qu’Israël ne peut autoriser ».
Les auteurs des frappes de drones « doivent savoir qu’ils prennent un risque inutile, le gouvernement libanais doit contrôler le Hezbollah ou nous serons obligés de le faire », a-t-il déclaré dans des déclarations faites aux journalistes à l’aéroport de Tel-Aviv.
« Le Hezbollah continue sur la voie du terrorisme et compromet la capacité du Liban à parvenir à un accord sur les frontières maritimes », a-t-il déclaré ce week-end.
Paris avant Biden
Cette visite précède les visites de Joe Biden la semaine prochaine en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite, la première tournée du président américain au Moyen-Orient depuis son entrée en fonction.
Le Liban et Israël, deux pays voisins qui restent officiellement en guerre, ont entamé des négociations en octobre 2020 sous les auspices de Washington pour délimiter leurs frontières maritimes afin de supprimer les obstacles à l’exploration des hydrocarbures.
Cependant, les pourparlers ont été suspendus en mai 2021 en raison de différends sur l’étendue de la zone contestée et plus particulièrement du gisement de Karis.
« Nous connaissons l’importance de la position de la France sur le Liban et nous demanderons à la France d’intervenir pour poursuivre les négociations que nous souhaitons mener à bien sur les questions gazières », a déclaré à la presse un haut responsable israélien.
À la mi-juin, Israël a signé un accord pour livrer du gaz naturel à l’Égypte, qui envisage de le liquéfier pour le transporter vers l’Europe.
Le vieux continent tente de diversifier ses approvisionnements énergétiques après que la Russie a décidé de stopper l’approvisionnement en gaz naturel des pays européens.
L’Iran à l’ordre du jour
Aux côtés du Hezbollah, l’Iran devrait être à l’ordre du jour des pourparlers Macron-Lapid alors qu’Israël cherche à persuader les puissances occidentales de ne pas renouveler un accord surveillant le programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions contre Téhéran.
« Il est important que notre position contre cet accord et contre la nucléarisation de l’Iran soit entendue maintenant », a déclaré Lapid aujourd’hui.
Les responsables israéliens qui craignent que l’Iran se dote d’une arme nucléaire – ce que dément Téhéran – craignent surtout que la levée des sanctions ne permette à l’Iran de remplir ses caisses pour commencer à aider des alliés aux frontières d’Israël, comme le Hezbollah libanais ou les Palestiniens, soulèvent le Hamas.
En tant que Premier ministre, Naftali Bennett avait endossé la « doctrine de la pieuvre » contre Téhéran, disant vouloir les attaquer directement et pas seulement « leurs tentacules » dans la région.
Lapid lui a pris les rênes et a juré de « faire tout son possible » pour empêcher l’Iran d’acquérir une arme nucléaire ou de « s’enfermer dans les frontières d’Israël », se référant principalement à la Syrie voisine.
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