Une manière très française ! | LE QUOTIDIEN

Je ne suis pas partisan de la théorie de la spécificité nationale comme schéma de compréhension des phénomènes politiques. Après tout, dans un sens, toutes les races sont spéciales, tout comme tous les humains sont spéciaux, mais tous ont plus ou moins les mêmes besoins et la même gamme de réponses aux stimuli externes.

Bien sûr, chaque société a ses propres expériences historiques et institutions qui façonnent des attitudes et des mentalités reconnues comme distinctes. Cela crée l’illusion que tout ce qui se passe dans un pays est le produit d’une certaine spécificité, alors qu’en fait c’est le résultat de nombreux facteurs différents se produisant plus ou moins ailleurs mais sous une forme différente ou à un moment différent.

Finalement tout change. Les gens qui étaient considérés comme guerriers dans le passé sont maintenant célèbres pour leur nature douce et leur comportement pacifique. Ce qui caractérise les hommes d’aujourd’hui était plus vieux que les hommes.

Cependant, certains pays ont la capacité d’attirer l’attention des autres. La France, par exemple, est considérée par beaucoup comme un foyer de révolution. De 1789 aux « Gilets jaunes », en passant par les révolutions de 1830 et 1848, la Commune de Paris de 1871, mai 1968 et l’insurrection des banlieues de 2005, la France a connu de violents bouleversements dont les répercussions ont même débordé la frontière française. On disait autrefois que quand la France éternue, l’Europe s’unit.

Au cours du XXe siècle, d’autres « particularités françaises » se sont également imposées. Le gouvernement du Front populaire de 1936 est une de ces références. Il a porté la gauche au pouvoir sous des mandats parlementaires pour la première fois et a introduit des réformes avec un symbole de classe (comme l’octroi de congés payés aux travailleurs). L’unité de la gauche en vue de gouverner se répète plusieurs fois en France : en 1972 avec le programme commun socialiste-communiste et en 1997 avec la « gauche plurielle » de Lionel Jospin.

Sur d’autres rives politiques, la France a montré des trajectoires très particulières : l’émergence et la domination politique du général de Gaulle dans l’après-guerre et du gaulisme comme expression particulière du conservatisme, et l’émergence de la Ve République en 1958 avec la mise en place d’un président élu avec des pouvoirs forts et un Le mandat de sept ans, scandaleux pour les traditions européennes, était en effet un phénomène particulièrement français.

L’écho du Front national d’extrême droite de Jean-Marie Le Pen était également considéré comme une particularité française dans les années 1980. Non seulement il a secoué la scène politique, mais il a également été perçu comme l’un des facteurs de marginalisation de l’extrême droite européenne.

Effondrement impressionnant et pour beaucoup déplaisant du système de partis de la Ve République.

La succession de père en fille n’était pas une histoire ordinaire de leadership héréditaire. Marin Le Pen a renouvelé la fête et élargi son audience. Non seulement Lepen s’est présentée au second tour de l’élection présidentielle deux fois de suite (son père l’avait fait une fois), mais son parti a remporté un nombre sans précédent de sièges à l’Assemblée nationale lors des récentes élections générales.

Cependant, la montée de l’extrême droite n’a pas été le seul élément notable des récentes élections en France. Cela a été précédé par l’effondrement impressionnant et, pour beaucoup, désagréable du système de partis de la Cinquième République. Incroyable mais vrai, les quatre premiers candidats au pouvoir (Macron, Le Pen, Melanson, Zemour), qui ont obtenu 80 % des suffrages, se sont appuyés sur des structures partisanes et des effectifs anémiques.

Puis vint la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES). Elle résulte de l’accord sur une relégation commune des partis de gauche aux élections fédérales. Elle est devenue une opposition officielle, privant Macron de son autonomie et sapant sa souveraineté dès le début de son second mandat.

La NUPES fait ressurgir le clivage gauche-droite oublié par beaucoup et promet, pour d’autres qu’il menace, de réitérer la tentative au-delà des frontières françaises. L’idée n’est pas si étrange.

Car aujourd’hui, plus que dans l’entre-deux-guerres, dans la guerre froide ou dans les premières décennies après la dissolution de l’URSS, les forces des sociaux-démocrates, des Verts et de la gauche radicale semblent se concentrer sur les majors et surtout sur les États-Unis Mélange de réalisme et d’utopie, que tout bon gauchiste se doit d’avoir.

Au final, une chose est sûre : on ne rencontre presque jamais les Français.

* M. Nikos Marantzidis est professeur de sciences politiques à l’Université de Macédoine.

Onfroi Severin

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