UE : un citoyen sur trois n’a pas assez d’argent pour se nourrir et se soigner
Des millions d’Européens sont privés de biens de première nécessité comme les soins de santé et l’alimentation pour des raisons économiques, selon les résultats d’une nouvelle enquête publiée par Ipsos et l’association caritative française Secours Populaire mercredi 6 septembre.
Selon la dernière enquête du Secours Populaire et Ipsos, près d’un Européen sur trois (29%) déclare vivre dans des conditions précaires, même si le taux d’inflation annuel dans la zone euro est tombé à 5,5% contre 6,1% il y a six mois.
« Partout en Europe, la situation est très préoccupante, même si l’inflation a ralenti en 2024.
Il existe un désavantage généralisé au sein de la classe moyenne », indique le communiqué de presse.
Les répondants viennent de 10 pays européens : France, Grèce, Moldavie, Royaume-Uni, Portugal, Roumanie, Serbie, Italie, Pologne et Allemagne.
Selon l’enquête, plus d’un Européen sur deux (51 %) originaire de ces pays a manqué de bonne santé, de chauffage et/ou de nourriture au cours des six derniers mois.
En matière de santé, plus d’un tiers des Européens déclarent éviter les soins médicaux parce qu’ils n’en ont pas les moyens ou parce qu’ils veulent économiser de l’argent.
« Le problème de santé est similaire au problème alimentaire : les gens manquent des produits de première nécessité et c’est un indicateur très inquiétant », a prévenu Sébastien Thollot, secrétaire national du Secours Populaire, dans un entretien avec EURACTIV.
Toutefois, l’accès aux soins varie selon les pays : 41 % des Roumains, Serbes et Polonais sont concernés, contre 22 % des Britanniques et 21 % des Allemands.
La France et l’Italie (37 %) ainsi que la Grèce et le Portugal (36 %) ont des pourcentages similaires.
Les enfants sont également touchés : 36 % des parents sont incapables de subvenir à leurs besoins fondamentaux comme la nourriture, les frais de scolarité, les soins de santé ou les vêtements.
Grèce et Moldavie
Alors que tous les pays étudiés sont touchés par des problèmes d’incertitude, indépendamment de leur richesse ou de leur PIB, la situation en Grèce et en Moldavie, pays candidat à l’UE, est particulièrement préoccupante, a déclaré Thollot du Secours Populaire.
Près de la moitié des Grecs et des Moldaves estiment vivre dans une situation financière et matérielle particulièrement préoccupante.
Pour subvenir à leurs besoins, 60 % des Grecs et 70 % des Moldaves comptent sur leurs amis et leurs proches pour leur prêter ou leur donner de l’argent.
Par ailleurs, 75 % des Grecs et 67 % des Moldaves limitent leurs déplacements pour économiser sur les frais de transport.
« Avant la guerre en Ukraine, le niveau de vie en Moldavie était déjà très bas », a déclaré Thollot.
« En ce qui concerne la Grèce, la crise de 2008 a eu un impact significatif sur l’économie », a-t-il ajouté.
Un éventuel plan d’action de l’UE ?
La France fait également partie des pays touchés par la vague d’incertitude qui déferle actuellement sur l’Europe.
Selon l’enquête, 58 % des Français craignent de sombrer dans la pauvreté à court terme, tandis que 45 % ont des difficultés à payer certains frais médicaux.
Face au fléau croissant des pénuries alimentaires, la ministre française de la Solidarité et de la Famille, Aurore Bergé, a annoncé mardi 5 septembre un financement de 156 millions d’euros en faveur des associations d’aide alimentaire.
« L’inflation frappe les familles les plus vulnérables, les familles à faible revenu, les étudiants, les personnes âgées et nos enfants », a déclaré Bergé dans un communiqué. « Nous sommes à leurs côtés pour lutter contre l’incertitude et soutenir les associations qui les aident au quotidien », a-t-il ajouté.
Or, selon Thollot, la responsabilité politique est à la fois « nationale » et « européenne ».
L’association Secours Populaire a donc souhaité connaître les contours d’un plan d’action européen similaire au programme REACT-EU de 47,5 milliards d’euros mis en place pour faire face aux dégâts sociaux et économiques causés par la pandémie.
« Nous avons besoin d’une réponse politique forte de la part de l’UE », a ajouté le Secours Populaire.
Même si les résultats globaux ne sont pas très optimistes, l’étude conclut sur une note d’espoir : malgré les difficultés, 76 % des Européens sont prêts à s’impliquer personnellement pour aider les plus défavorisés.
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