Le « VAR » de la politique française s’est prononcé et a donné raison au gouvernement d’Emmanuel Macron : le Conseil constitutionnel a approuvé la plupart des éléments de la réforme des retraites, notamment le relèvement de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans (avec 43 années de travail requises pour bénéficier d’une retraite complète). pension ).
Cependant, le conseil composé de neuf membres a rejeté de nombreux autres éléments de la réforme qui sont considérés comme mineurs.
Cette décision a mis fin à des semaines d’incertitude concernant une mesure contestée par des manifestations syndicales massives au cours des trois derniers mois.
Peu de décisions du Conseil dans l’histoire de la Ve République avaient suscité autant d’attentes. La « fumée blanche » a sans doute été une carafe d’eau froide pour les syndicats, mais aussi pour près de 70 % de Français qui, selon les enquêtes d’opinion, sont contre le relèvement de l’âge de la retraite.
Le conseil de neuf membres, composé de juges et d’hommes politiques expérimentés et présidé par l’ancienne Première ministre socialiste Laurence Fabius, a également rejeté la demande d’organisation d’un référendum. Il a pris cette décision en sachant que la loi n’apporte aucun changement significatif à la loi. En prévision de cette éventuelle décision, les syndicats ont déjà avancé une deuxième proposition de référendum, que le Conseil devra examiner dans les prochaines semaines.
Victoire à la Pyrrhus pour Macron ?
La décision des neuf sages du conseil est considérée par l’opposition comme une bombe sociale. Plus de 130 manifestations ont eu lieu hier après-midi dans toute la France. Lorsque la décision a été annoncée, des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes dans la soirée.
« Avec ou sans Conseil constitutionnel, nous ne voulons pas de votre loi ! », ont crié des centaines de manifestants rassemblés devant l’hôtel de ville de Paris.
Les manifestants ont incendié des poubelles au milieu de la rue. Des manifestations similaires ont également eu lieu dans d’autres villes comme Lyon, Strasbourg et Lille.
« La réforme du système des retraites deviendra encore plus violente et brutale après la décision constitutionnelle », a déclaré Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT, l’un des plus grands syndicats français. « Nous demandons au président de retrouver sa sagesse. (…) S’il ne retire pas le texte, il ne pourra pas réformer le pays», a-t-il prévenu.
Les syndicats ont conseillé à Macron de ne pas ratifier la mesure. Un cas très improbable. Le décret pourrait être signé la semaine prochaine, voire ce week-end. La loi devrait entrer en vigueur le 1er septembre.
« Le combat continue », a répondu Jean-Luc Mélenchon, chef de La France insoumise. Le Conseil constitutionnel « montre qu’il accorde plus d’attention aux besoins de la monarchie présidentielle qu’à ceux du peuple souverain », a soutenu Mélanchon.
Pour Marine Le Pen, « le sort de la réforme n’est pas encore décidé ». La dirigeante d’extrême droite a promis de l’abolir dès son arrivée au pouvoir.
Pour Fabian Roussel, président du Comité central français, la décision est une « gifle » et désormais « nous sommes dans un volcan ».
Marine Todellier, ministre européenne de l’Ecologie, parle d’une « impasse démocratique ». Après la décision des sages, « la réforme est légale, mais plus que jamais illégale », a-t-il soutenu. Pour Olivier Faure, secrétaire du Parti socialiste, c’est « une déception mais pas une capitulation » et le combat continue.
« Ni gagnant ni perdant »
La Première ministre Elizabeth Bourne a répondu par un tweet affirmant qu’il n’y avait « ni gagnant ni perdant ». Avec la décision du Conseil « nous avons atteint la fin d’un processus démocratique ».
Cependant, les syndicats se préparent désormais à des manifestations le 1er mai, qui s’annoncent dynamiques. Ils ont déjà rejeté l’invitation d’Emmanuel Macron à se rendre à l’Elysée mardi prochain pour inaugurer un nouveau cycle politique.
Les syndicats ont annoncé qu’ils n’assisteraient pas aux « réunions » avant la Fête du Travail et qu’ils soutiendraient les « actions et grèves » qui seraient décidées localement dans un avenir proche. La condition posée par les syndicats reste la non-publication de la loi : cette hypothèse est irréaliste car le Président est pratiquement obligé de le faire, même si, aux termes de l’article 10, il reste la possibilité de soumettre à nouveau le texte de la loi au Parlement. Assemblée nationale pour un nouveau débat et vote.
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