Son autorité constitutionnelle suprême de Francec’est-à-dire le Conseil constitutionnel, décidera vendredi 14 avril si la proposition controversée de réforme des retraites du président Emmanuel Macron doit être acceptée, modifiée ou rejetée sur la base des orientations de la Constitution française.
Plus précisément selon FRANCE 24èmeen tant que l’une des trois principales autorités judiciaires françaises, le Conseil est chargé de veiller à ce que la législation ne viole pas la Constitution de la Ve République, introduite par Charles de Gaulle en 1958. N’étant pas un organe politisé comme la Cour suprême des États-Unis, le Conseil a tendance à se concentrer sur les questions plus techniques d’interprétation de la Constitution.
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Mais le mécontentement du public face à la proposition de réforme de Macron, qui ferait passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, est énorme. Le mouvement de protestation ne montre aucun signe d’essoufflement alors que le président français a suscité une nouvelle indignation en « raccourcant » le Parlement pour adopter la loi en utilisant l’article 49.3 de la constitution, souvent considéré comme une « option nucléaire ». Dans ce contexte tendu, l’arrêt du Conseil est donc attendu avec impatience.
Le conseil de neuf membres, dirigé par l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, prendra deux décisions clés qui affecteront l’avenir de la législation : la première sur sa constitutionnalité et la seconde sur l’opportunité d’autoriser un référendum public sur la réforme. Pour décider s’il est compatible avec la Constitution, le Conseil acceptera le projet de loi dans son intégralité, en modifiera certaines parties ou le rejettera purement et simplement.
Un membre du conseil a mis en garde contre l’attente d’une solution facile à la crise politique française, déclarant aux journalistes: « La décision du conseil sera probablement plus compliquée que certains ne le suggèrent ».
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La Cour constitutionnelle française a longtemps condamné les « dispositions législatives », c’est-à-dire les dispositions ajoutées aux projets de loi qui n’ont que peu ou pas de lien réel avec la législation de base, comme inconstitutionnelles.
Alors que le projet de loi de réforme des retraites est techniquement une mesure fiscale – une actualisation du projet de loi annuel de financement de la sécurité sociale – le gouvernement d’Emmanuel Macron a choisi cette manière de présenter le projet de loi car les mesures fiscales ne sont pas soumises à la règle constitutionnelle qui ordonne à l’exécutif d’appliquer l’article 49.3 limite principalement une fois par session parlementaire. Par conséquent, du moins en théorie, toute partie du projet de loi qui n’est pas « fiscale » pourrait échouer en tant qu’intervention législative.
Par exemple, la loi sur la réforme des retraites prévoit la création d’un « indice de vieillissement » qui obligera les entreprises de plus de 300 employés à déclarer le nombre de personnes de plus de 55 ans qu’elles emploient – une manière d’encourager l’emploi des travailleurs âgés, qui est considérée comme une partie de la mise en œuvre consistait à élever l’âge de la retraite. Le Conseil constitutionnel ne doit pas considérer la création de cet indice comme une mesure économique et la rejeter comme une mesure rétroactive.
Étant donné que les entreprises qui ne publient pas ces indicateurs peuvent être condamnées à une amende par le gouvernement – et ces amendes peuvent être versées au budget national de la sécurité sociale – on pourrait également faire valoir qu’il existe un lien fiscal indirect.
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Référendum sur la réforme des retraites ?
Le conseil décidera également de l’opportunité d’organiser un référendum public qui pourrait bloquer la réforme des retraites. Un amendement constitutionnel, jamais appliqué avant 2008, permet d’organiser un « référendum à l’initiative des citoyens » si une proposition reçoit le soutien d’un cinquième des députés et le soutien d’un dixième des électeurs. L’alliance de gauche NUPES tente d’organiser un vote national pour adopter une loi plafonnant l’âge de la retraite à 62 ans.
Ce serait une entreprise difficile, même si le Conseil décide qu’un référendum peut avoir lieu. « Il est très probable que le Conseil autorisera un référendum, mais cela n’empêchera pas forcément Emmanuel Macron d’appliquer sa loi », estime le politologue Bruno Coutre. « Quant à la collecte de près de 5 millions de signatures au cours des neuf mois précédant la mise en œuvre de la loi – eh bien, c’est loin d’être certain », a-t-il ajouté.
Le Conseil devra également examiner certaines objections au projet de loi, notamment de la NUPES et du parti d’extrême droite Alarme nationale de Marine Le Pen. Une chose est sûre, a déclaré Bruno Cotre : « Le Conseil constitutionnel a un rôle purement judiciaire et n’obtiendra pas impliqués dans la politique s’immiscer. » Enfin, le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, doit mandater l’un des autres membres du Conseil pour préparer une analyse du projet de loi. Les personnes sélectionnées pourront s’appuyer sur l’expertise du service juridique du Conseil et rencontrer les responsables politiques à l’origine des recours introduits. Une fois le rapport terminé, son auteur le soumet au reste du Conseil.
Les membres du Conseil prennent ensuite la parole pour partager leurs points de vue sur les conclusions du rapport. Une majorité simple des neuf membres décide de la question, et le président du Conseil vote en dernier, votant prépondérant si nécessaire. « Si des parties du projet de loi sont supprimées mais que le relèvement de l’âge de la retraite à 64 ans demeure, ce ne sera en aucun cas une réponse à l’agitation pour la réforme du système des retraites », a déclaré le patron de la CFDT Laurent Berget. le syndicat le plus important et le plus modéré de France.
Les politiques de gauche ont déjà affirmé qu’ils continueraient à exiger l’arrêt des réformes des retraites d’Emmanuel Macron, même si le Conseil constitutionnel les accepte.
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