Georges Pavlopoulos
Ce qui se passe en France depuis le début de l’année n’a peut-être pas (pour l’instant) d’équivalent en Europe, mais cela ne veut pas dire que le calme et la « paix sociale » règnent dans les autres pays. Les mobilisations en cours en Grande-Bretagne – les plus importantes depuis l’ère Thatcher – dans divers secteurs, la grève des enseignants au Portugal, les immenses rassemblements en Espagne pour défendre et renforcer le système de santé publique et les milliers de personnes qui descendent occasionnellement dans la rue dans un certain nombre de pays (Belgique, Italie, etc.) témoignent qu’il y a une effervescence.
Sans aucun doute, cependant, l’attention s’est tournée cette semaine vers le pays le plus puissant d’Europe, l’Allemagne, où l’une des plus grandes grèves depuis des décennies a eu lieu lundi. Des centaines de milliers de travailleurs des transports (chemins de fer, bus, aéroports, etc.) ont répondu à l’appel des syndicats et tiré le « frein à main » du pays dans une démonstration de force contre la collectivité patronale État et gouvernement. Enfin, en plus du report de centaines de vols, la grève signifiait que de nombreux travailleurs d’autres industries étaient absents du travail et que les écoles et les universités étaient sous-employées.
La grève de lundi fait suite à trois cycles de négociations infructueuses entre Verdi (secteur public), EVG (chemins de fer) et d’autres syndicats représentant environ 2,5 millions de travailleurs avec l’employeur. En effet, les dirigeants syndicaux ont prévenu que si leurs revendications n’étaient pas acceptées, ils n’hésiteraient pas à procéder à des mobilisations soutenues – même s’ils ont exclu pour l’instant que celles-ci soient annoncées pour la période de Pâques (c’est dimanche prochain 9 avril), alors que l’expérience a montré qu’ils sont prêts à faire des compromis s’il y a une offre légèrement meilleure.
Les demandes concernent principalement la couverture des énormes pertes subies par l’inflation (9,3% en février) sur les revenus réels de la majorité des travailleurs, la justesse et l’explosion des factures énergétiques. Il s’agit de suppléments de 10-5-12 % par mois – soit un montant de 500-650 euros – et d’avantages ponctuels, tandis que l’offre de l’employeur comprend des suppléments de 5 % sur 27 mois et un montant unique de 2 500 euros. Il est à noter que la mobilisation est intervenue dans un moment d’intense agitation au sein de la coalition gouvernementale, qui a également conduit à des négociations marathon (durée de 30 heures) durant le week-end entre les représentants des trois partis qui la composent.
Dossier : Journées de rébellion en France
Publié dans le journal Avant (1.4.23)
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