Par Eleni Mavrou
des millions dans les rues. Grèves dans les transports, dans les ports, dans les raffineries, dans les services publics… La grève des éboueurs a transformé Paris en une vaste friche. De nombreuses universités et lycées sont occupés. Et malgré la pénurie et la souffrance, l’opposition populaire aux projets du gouvernement Macron grandit.
Ce n’est pas un nouveau Mai 68. Nous sommes en mars 2023. Le peuple français revendique un rôle dans les développements d’aujourd’hui.
La raison de l’épidémie était le projet de loi sur le plafond des pensions. La « réforme » voulue par Macron et son gouvernement ajoute deux ans de temps de travail, donnant droit au travailleur à une retraite (retraite réduite à 64 ans et retraite à taux plein à 67 ans, avec obligation de retraite à taux plein à 43 ans de travail). L’argument est que l’allongement de l’espérance de vie menace la sécurité sociale de déficits. Mais la vérité est différente.
Premièrement, l’augmentation de l’espérance de vie n’est pas la même pour tout le monde. C’est le cas par exemple de la longue grève des collecteurs et gestionnaires de déchets, dont l’espérance de vie moyenne est inférieure de 10 ans à celle de la population générale. Des générations entières courent le risque de ne pas profiter de la retraite ou seulement pour une courte période, souvent aussi pour cause de maladie. Ce n’est pas un hasard si le slogan des manifestants « Grever pour ne pas crever! » (« Nous frappons pour ne pas mourir! »).
Mais la Caisse de sécurité sociale n’est pas déficitaire non plus. Le gouvernement prévoit qu’il y aura une crise du déficit dans une décennie. Il ne dit pas que le manque à gagner est lié à la baisse des cotisations des salariés de l’administration publique (due aux nombreuses suppressions d’emplois) et au gel des augmentations salariales (due aux politiques d’austérité).
Tout cela dans la deuxième plus grande économie d’Europe, où la productivité du travail a triplé depuis 1970 à ce jour. Même si le pouvoir d’achat des travailleurs se contracte, puisque la richesse qu’ils produisent devient la plus-value des grandes entreprises, surtout des entreprises.
Mais ce n’est pas seulement la retraite (aussi importante soit-elle dans la vie de millions de personnes). Pas plus que la précision qui a dispersé le pouvoir d’achat des salaires et conduit il y a quelques mois aux grèves de plusieurs jours dans les raffineries.
L’enjeu du conflit, c’est désormais la démocratie elle-même.L’activation de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet au président de la République de légiférer par décret présidentiel en contournant le Parlement, a suscité de nombreuses colères et inquiète même l’état-major de Macron.
L’inquiétude, même au sein de l’élite dirigeante, pousse Macron à insister (ce que Thatcher a vu rétrospectivement) pour une confrontation « jusqu’au bout » en vue de faire éclater les syndicats.
Des leçons pour ceux ici à Chypre qui pensaient que Macron « réformerait » la France. Il ne suffit pas d’être « jeune » et « gentil ». Cela dépend du type de « réforme » que vous souhaitez et de qui paiera pour cela.
Le combat est loin d’être terminé. La destruction de l’État-providence, la dévalorisation du travail et les formes autoritaires de gouvernement ont déclenché une crise sociale et politique profonde qui ne sera pas facile à surmonter.
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