Annie Jourdan est l’une des plus importantes historiennes contemporaines, distinguée par son œuvre pour son regard original, qui exprime une tendance révisionniste qui s’est développée dans l’historiographie française au cours des dernières décennies : c’est la tendance à passer en revue les événements qui ont conduit à la genèse de l’État français. après la « Grande Révolution », basée sur une réduction minutieuse aux racines et à leurs éléments déterminants, tout en maintenant une attitude sceptique envers les notions établies qui ont été utilisées dans la recherche historique moderne par Fouret et al des années 70 et 80.
Dans le cas du livre Nouvelle Histoire de la Révolution française, Jourdan pose un postulat dans sa recherche : comment il est nécessaire de « repartir à neuf » pour comprendre les événements des années révolutionnaires et notamment ceux entourant le phénomène appelé « terrorisme ». mais aussi qu’il faut également accepter et toujours garder à l’esprit que l’historiographie nationale a souvent des finalités spécifiques, et notamment qu’elle a créé dès 1815 un mythe de l’origine nationale à partir duquel les références à la division nationale, c’est-à-dire à les phénomènes de guerres civiles, étaient exclus de la situation. Pour l’historien, ce silence forme une fausse base dans la structure théorique de la recherche scientifique.
Tout au long du livre, l’intention du « redémarrage » susmentionné devient claire. Même le langage est choisi avec soin, car il est entendu comme un moyen qui conditionne la connaissance historique : ainsi Jourdan juge que le terme « terrorisme » est biaisé et porteur de connotations négatives, alors qu’il serait plus correct de parler de « guerre civile » d’une profonde « conflit interne » dans lequel chacun porte la responsabilité que lui attribue son implication dans les événements.
Une autre suggestion intéressante de l’historien est d’examiner la Révolution française en comparant les événements qui ont secoué l’Europe et l’Amérique, dans le but d’éliminer les platitudes de l’historiographie française et d’approfondir la compréhension des moteurs de ces évolutions : comment il souligne que l’Angleterre ont appelé la première véritable révolution de la période 1642-1651 une « guerre civile », tandis que les États-Unis ont fait de même pour ce qu’ils appellent la « guerre civile », ce que la plupart des historiens français évitent systématiquement.
Parallèlement, Jourdan pose également la question de l’examen des relations extérieures de la France avec les autres puissances européennes, mais aussi entre révolutionnaires et étrangers porteurs d’idées révolutionnaires, influencés de diverses manières. C’est un paramètre méconnu de l’historiographie française, qui a surtout tendance à voir dans les patriotes européens de simples marionnettes « entre les mains d’hommes politiques machiavéliques » qui souhaitaient faire avancer leurs intérêts en France ou leur gain personnel au détriment de la « Grande Nation ». .
Bien sûr, tous ces éléments, auxquels s’ajoutent les changements institutionnels, les virages idéologiques des différentes factions, les décisions prises en fonction des circonstances actuelles, les négociations complexes et les rapports de force en constante évolution, mais aussi le chaos, l’incalculable, chaos incontrôlable de la guerre.
Le livre de Jourdan réussit à soulever des questions et à créer des perspectives qui affectent non seulement l’historiographie française, mais l’historiographie nationale dans son ensemble, et en particulier l’historiographie des révolutions et des guerres civiles. Ici, en Grèce en particulier, l’intérêt est naturellement plus grand au moment où les questions ouvertes sur l’interprétation des événements du XXe siècle sont ouvertes. ils ne se sont jamais arrêtés et n’ont souvent pas été interprétés avec le calme et la distance scientifique nécessaires.
De plus, comme le souligne Jourdan, « la guerre civile ne signifie pas nécessairement utiliser les armes et se battre. Au début, ou dans certains cas, il s’agit d’une guerre civile, qui se traduit par des troubles civils et des conflits internes. C’est ce que Nicole Loraux, se référant aux écrivains grecs, appelle la stase, c’est-à-dire la division de la ville ».
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