Les élections présidentielles d’avril en France sont un véritable cas d’école. Comment se fait-il qu’au pays de Mai 68, Mitterrand, Jospin et Hollande, le mouvement de centre-gauche ait disparu et deux d’extrême droite, une de droite et une de droite à l’agenda de droite prétendant à la présidence ? Et pourtant c’est possible !
Que montrent les derniers sondages ? Selon un sondage Elabe (voir aussi graphique ci-dessous) commandé par BFM TV et L’Express, le président Macron a 23% au premier tour (il a perdu trois points par rapport au sondage précédent) et suit le même pourcentage. 17%, l’extrême droite Lepen et le centre droit Pekres. Quatrième est l’extrême droite Zemour avec 13%, suivi de la gauche Melanson avec 9,5%, l’écologiste Zando avec 7% et le socialiste Indalgo avec 3%.
Foule à l’extrême droite
Faisons une image de l’identité des candidats, de droite à gauche.
Marin Le Pen n’a pas besoin de beaucoup de mentions. Une digne fille de son père, fondateur du Front national, évolue idéologiquement à l’extrême droite avec un agenda d’immigration, de sécurité, d’identité nationale. « Libertés, libertés chéries » est le slogan qu’elle a choisi pour sa campagne cette fois. Sa tentative d’être un peu moins à droite que son père l’a incitée à changer le nom du parti. De « Front National » il a fait « Alarme Nationale ». Mais là où elle voulait commencer… vers le centre, elle regarde vers la droite et ce qu’elle peut voir ! Un autre d’extrême droite d’origine juive, que certains qualifient de « dangereux » et d’autres de « Trump mais français ».
Eric Zemour, qui n’a pas de fête derrière lui, est le… nouveau venu, comme dirait Loulis, même s’il n’est pas si jeune puisqu’il a la soixantaine. Journaliste, essayiste et écrivain, bien connu en France pour ses affrontements militants – « polémiste » en français – est entré dans la course il y a environ deux mois avec beaucoup d’enthousiasme. Ses sujets de prédilection sont l’identité nationale et la guerre contre l’islam. Il exprime quotidiennement des opinions extrêmes, monopolisant souvent l’intérêt public avec des propositions telles que « interdire aux citoyens français de nommer leurs enfants musulmans ». Pas Kamal, pas Ahmed, juste Pierre et Nicolas. Exemple lui-même : d’origine juive, originaire d’Algérie, il arbore les noms purement français que lui ont donnés ses parents : Eric, Justin, Léon. Zemour admire Orban et lui a récemment rendu visite en Hongrie pour louer ses politiques pro-natalité et anti-immigration, entre autres. Il croit à la théorie du « Grand Remplacement », avec la France et l’Europe assiégées par l’islam et les immigrés arabo-musulmans, les « nouveaux colonialistes ».
Un mélange de Thatcher et de Merkel
Nous nous déplaçons un peu de l’extrême droite et allons vers la droite. Ici, nous rencontrons la nouvelle fille de la ville, Valeri Pekres. Le nouveau chef du Parti républicain de centre-droit (LR – Les Républicains) est récemment entré en lice mais est en fait la plus grande menace pour Macron. Ils la décrivent comme un croisement entre Thatcher et Merkel, mais ne vous laissez pas berner par l’idée que sa ressemblance avec Merkel a à voir avec la façon dont la chancelière a géré l’immigration. Non, Valérie Pecres est catégorique sur la question, bien qu’elle soit considérée comme « modérée » pour les données de LR, la presse française indiquant qu’elle cible les électeurs « de centre-droit » sur lesquels Macron compte pour son agenda – si porté à la Données grecques – ce serait bien à droite du SW. Littéralement, ce que dit Pekres (qui est en fait venu à Athènes vendredi et Rencontre avec Kyriakos Mitsotakis) pour ND semblent extrêmes.
Dans sa campagne pour l’élection partielle, elle s’est engagée à réduire de moitié le nombre de permis de séjour pour les migrants non européens, à durcir les peines dans les quartiers criminels et à interdire aux femmes d’accompagner leurs enfants lors de voyages scolaires pour porter un foulard. Elle souhaite également relever l’âge de la retraite à 65 ans, supprimer 200 000 emplois dans le secteur public et abolir formellement la limite de 35 heures.
Le bon agenda du président
Qu’est-ce que Macron oppose à tous ces co-candidats de droite ? Est-ce un agenda socialiste parce qu’il est lui-même du Parti socialiste ? D’autre part. Durant sa présidence, la France est allée aussi loin qu’on peut l’imaginer. De la loi sur la protection de la police, qui a donné encore plus de pouvoir et de financement à la police, au droit d’utiliser des drones lors des manifestations, en passant par ses positions sur le durcissement des procédures d’asile et les expulsions, Macron a montré où il se dirige politiquement – idéologiquement. « Ni de droite ni de gauche », assure-t-il. Sur les dossiers qui dominent l’agenda pré-électoral, laissés depuis plusieurs années à l’extrême droite pour exploiter aux élections, Macron est entré dans la danse et réclame des voix. Un exemple classique est la question de l’identité nationale, dont les Français semblent très préoccupés. Que fait le président à ce sujet ? Il estime que sa proposition de donner à chaque jeune adulte une prime de 500 € pourrait encourager les jeunes à découvrir la culture française et prévenir le terrorisme.
L’autre thème dominant est l’Islam. Que demande le président aux musulmans français ? « Assurez-vous de respecter les règles lorsque vous êtes dans un lieu public. Les relations religieuses sont une question de transcendance et je ne demande pas aux gens d’être humbles – je n’encourage pas cela. « Je crois simplement qu’en entrant dans l’espace public, les lois de la démocratie doivent primer sur les lois de la religion. »
Personne ne nie que Macron pêche dans les eaux de droite.
Gauche de ξ Solitude
Mais qu’en est-il de sa gauche ? Dans son ancien parti, les socialistes, la situation est très difficile. Ann Indalgo, maire de Paris et candidate présidentielle du Parti socialiste, n’a obtenu que 3% lors du dernier sondage. « Pas de passaran », appelle-t-il. « Les candidats de l’intolérance ne passeront pas. » La réponse la plus courte serait « ne jure pas !
L’écologiste Yannick Zando fait un peu mieux, à 7%. Mieux encore, Jean-Luc Melanson, de Zoe Konstantopoulou, partage les mêmes idées, qui lutte pour franchir le seuil des 10 % – il l’a fait, mais lors du dernier sondage, il est tombé à 9,5 %. Melanson, figure de proue de la gauche française, a été le premier à annoncer sa candidature avec 200 000 signatures. Sa confrontation télévisée avec Zemour a fait sensation. Melanson soutient l’exact opposé du journaliste « polémiste ». Il croit que la fusion et le mélange de nombreuses cultures différentes dans une partie du monde conduisent souvent à de nouvelles dates positives imprévisibles pour vivre ensemble. La grande majorité des Français ne le voient probablement pas de cette façon.
Finalement, elle est entrée en jeu, revendiquant une partie des électeurs de centre-gauche et l’ancien ministre de la Justice Hollande Christian Tombira, dont le premier décompte lui donnait 4,5 %. Originaire de Guyane française, en Amérique du Sud, elle a façonné la loi qui légalise le mariage homosexuel et reconnaît la traite des esclaves comme un crime contre l’humanité.
La confrontation finale
Ce qui se reflète dans les sondages à l’approche de l’élection présidentielle, c’est un glissement sans précédent de l’électorat vers la droite. Si on additionne les pourcentages de candidats du centre et plus à droite – jusqu’à l’extrême droite – on voit qu’ils atteignent 70% ! L’ordre du jour est dominé par les enjeux soulevés par la droite sous toutes ses formes, enjeux que Macron non seulement n’hésite pas à soulever mais cherche à s’approprier en proposant des solutions réalistes. Le président a un atout supplémentaire qu’il tentera de capitaliser dans les urnes : la gestion de la pandémie. La majorité le voit d’un bon œil, et sa décision d’empocher les vaccins rassemble la première ligne de la logique. Les recherches montrent que s’il se retrouve au second tour avec Lepen (probablement) ou Zemour (peu probable), il gagnera facilement. Si Pekres convient, nous pourrions voir un derby. Dans tous les cas, cela ressemblera à un conflit centre-droit intraparlementaire.
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