Petit à petit le calendrier politique se remplit. On sait maintenant quand les élections auront lieu Dinde, la date des élections grecques sera annoncée officiellement très prochainement. Le fait qu’il existe un lien politique entre les deux dates démontre la nature particulière des relations bilatérales aujourd’hui.
Selon les sondages d’opinion, les électeurs grecs – comme les électeurs en Turquie – sont principalement préoccupés par les prix élevés et l’avenir économique. Dans le même temps, il ne se passe pas un jour sans que les chaînes de télévision ne lancent la rhétorique guerrière de la Turquie et ne menacent que l’armée turque puisse soudainement arriver du jour au lendemain.
Dans ce contexte, je comprends les inquiétudes de plusieurs de nos concitoyens. Cependant, je ne partage pas la crainte qu’une escalade militaire avec la Turquie soit imminente dans un proche avenir. Dans ce cas, je partage l’avis du Premier ministre grec, qui a déclaré publiquement à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas d' »épisode chaud » avec le pays voisin. D’abord à Alexandroupoli et un peu plus tard devant un public international au Forum économique de Davos.
L’optimisme de M. Mitsotakis repose sur la confiance dans le pouvoir dissuasif du renforcement politique, diplomatique et militaire de la Grèce ces dernières années. Le nouveau pouvoir, qui a été acquis, entre autres, en investissant des milliards dans des systèmes d’armes modernes, a un effet dissuasif sur tout attaquant potentiel. A cela s’ajoutent les alliances renouvelées avec la France et les États-Unis, complétées par une coopération militaire avec les Émirats arabes unis et Israël.
Solide expérience diplomatique
Bien que rarement annoncés publiquement, tous ces partenariats visent à renforcer la Grèce en cas de confrontation avec la Turquie. L’objectif du bouclier de sécurité grec reste l’Union européenne et l’OTAN. Les deux organisations tentent à leur manière d’empêcher une escalade entre la Grèce et la Turquie. Les capitales occidentales craignent qu’une crise n’éclate soudainement à l’approche des élections turques. Un scénario souvent cité est qu’Erdogan pourrait lancer une attaque sur une île grecque pour mobiliser ses électeurs. Les diplomates occidentaux travaillent en arrière-plan pour maintenir ouvert le canal de communication entre Athènes et Ankara afin d’empêcher une telle escalade.
L’initiative allemande, qui a amené le chef du cabinet diplomatique du Premier ministre grec et le représentant du président turc à la table des négociations à Bruxelles fin décembre, entre également dans cette catégorie. Toujours dans la capitale belge et en marge d’une conférence de l’Otan, les ministres de la défense grec et turc devraient se rencontrer mi-février. C’est un bon signe que selon des sources diplomatiques, les deux parties soient intéressées par cette rencontre. Lorsque le secrétaire d’État américain Anthony Blinken arrivera à Athènes et à Ankara quelques jours plus tard, son message sera clair : Washington fera tout son possible pour empêcher un conflit militaire entre les deux alliés.
Les pessimistes prétendent qu’Erdogan est capable de tout. Les inquiétudes ne sont pas sans fondement, comme le prouve l’histoire des opérations militaires turques en Syrie. Aujourd’hui, Ankara a de nombreux fronts ouverts. Il est très peu probable qu’il choisisse la Grèce, l’adversaire le plus difficile d’un point de vue politique et militaire : « Si Erdogan est aussi sensé que je le pense, il ne sert à rien de mener une opération militaire contre la Grèce jusqu’aux élections. Il y a des ennemis plus faciles, à savoir la Syrie », déclare Mustafa Aydin, professeur à l’Université Kadir Has d’Istanbul et l’un des principaux analystes de la politique étrangère d’Erdogan, dans une interview avec un journal grec. La Syrie est de toute façon une cible plus facile, comme l’ont montré les opérations militaires de ces dernières années.
Une éventuelle guerre dans l’est de la Turquie détournerait l’attention de la Grèce, conduisant potentiellement à une désescalade des relations gréco-turques. Cependant, la fin des tensions n’est pas en vue de sitôt. Une nouvelle phase dans les relations gréco-turques est à prévoir après les élections en Turquie au plus tôt – avec ou sans Erdogan.
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