L’espion marocain l’homme clé du Qatargate

Un agent des services secrets marocains, Mohamed Belahrech, est devenu un personnage clé dans le scandale du « Qatar Gate ». Baptisé M118, il circule parmi les agences de renseignement européennes depuis des années, rapporte Politico.

Belahrech semble être au centre d’un réseau complexe qui s’étend du Qatar et du Maroc à l’Italie, la Pologne et la Belgique. On soupçonne qu’il a été impliqué dans le lobbying et la corruption présumée contre des députés européens ces dernières années. Et il s’avère qu’il était connu des services de renseignement européens depuis un certain temps.

Le rôle du Maroc dans le Qatargate

Le Maroc est de plus en plus sous les projecteurs, car le fan du scandale va au-delà du rôle du Qatar dans les allégations de corruption des eurodéputés qui ont conduit la police belge à saisir du matériel et plus de 1,5 million d’euros en espèces lors de perquisitions dans au moins 20 maisons et bureaux.

La semaine dernière, le ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborn a fait allusion au scandale Le Maroc est également à l’étude. S’adressant aux législateurs belges, il a évoqué « un pays qui a déjà été mentionné ces dernières années… en matière d’interventions ». Il est entendu qu’il faisait référence au Maroc puisque le service de sécurité de Rabat a été accusé d’espionnage en Belgique, où il existe une importante diaspora d’immigrés marocains.

L’espion marocain pourrait également être la clé pour résoudre l’un des derniers mystères du Qatargate, qui n’est autre que la piste de l’argent. Une demande d’extradition belge vue par POLITICO concerne un personnage énigmatique lié à une carte de crédit donnée aux proches connus de Pancheri comme « le géant ». Il y a des spéculations que l’agent marocain pourrait être ce géant.

Les nombreuses vies du M118

Belahrech n’est pas nouveau dans les cercles d’espionnage européens. Les médias attribuent sa présence à plusieurs affaires d’espionnage au cours de la dernière décennie.

L’homme de Rabat a d’abord attiré l’attention des autorités dans le cadre de l’infiltration présumée de mosquées espagnoles, qui a conduit à l’expulsion du directeur marocain d’une organisation islamique en Catalogne en 2013, selon le journal espagnol Le confidentiel.

Belahrech aurait été responsable de l’opération Réseau d’espionnage dans les mosquées à la demande des services secrets marocains DGED, tandis que sa femme était soupçonnée de blanchiment d’argent par l’intermédiaire d’une agence de voyage basée en Espagne. Selon El Mundo, le réseau s’est dissous en 2015.

Peu de temps après, Belahrech refait surface en France, où il joue un rôle de premier plan dans une affaire de corruption à l’aéroport d’Orly de Paris.

Un agent marocain, identifié à l’époque sous le nom de Mohamed B., aurait procuré jusqu’à 200 dossiers secrets sur des suspects terroristes en France par un garde-frontière français, selon une enquête publiée dans le journal français Libération.

Les autorités françaises n’auraient pas poursuivi Belahrech, qui a disparu lorsque son réseau a été démantelé. Selon un responsable français qui était au courant de l’enquête, Belahrech coopérait avec la France à l’époque en fournissant des informations sur les questions de lutte contre le terrorisme et a été libéré en conséquence.

Les agents secrets marocains peuvent agir en tant que fournisseurs de renseignements pour les autorités européennes et en même temps coordonner influencer les entreprises dans les mêmes pays, deux personnes familières avec la coordination du renseignement ont déclaré à POLITICO. Pour cette raison, les pays européens ferment parfois les yeux sur des pratiques que l’on pourrait qualifier d’interventions, ont-ils ajouté, tant qu’elles restent discrètes.

Quant à Belahrech, le mystérieux M118 est de retour sous les projecteurs cinq ans après son incursion en France – soulevant des questions sur sa relation continue avec les réseaux de renseignement européens.

Thibault Tremble

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