Tayyip Erdogan est prêt pour une invasion terrestre à la suite de l’opération aérienne de son pays baptisée « épée fourchue » et des bombardements contre les Kurdes en Syrie et en Irak, quelques mois seulement avant les élections présidentielles et législatives cruciales dans le pays voisin.
Un jour après avoir accusé les États-Unis et la Russie de ne pas « nettoyer » les Kurdes en son nom (!), il a réitéré qu’Ankara était « plus déterminé que jamais » à protéger sa frontière avec la Syrie des militants kurdes, a-t-il déclaré aujourd’hui, le président Recep Tayyip Erdoğan.
« Notre activité avec nos avions, nos canons et nos drones n’est que le début. Aujourd’hui, notre détermination à protéger toutes nos frontières sud (…) avec une zone de sécurité est plus forte que jamais », a-t-il déclaré aujourd’hui dans un discours devant les députés de son parti à l’Assemblée nationale.
« Nous continuerons nos opérations aériennes sans interruption et entrerons en territoire terroriste au moment où nous le jugerons bon », a-t-il menacé.
Plus tôt, a déclaré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar que dans le cadre de l’opération contre les positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de défense du peuple (YPG) contre les positions des combattants kurdes « à ce jour, 471 cibles ont été touchées et 254 terroristes ont été neutralisés »,
Bien que les organisations le nient, Ankara tient à les accuser d’être à l’origine de l’attentat terroriste orphelin du 13 novembre qui a fait six morts et 81 blessés à Istanbul.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les bombardements de la nuit dernière se seraient principalement concentrés sur la ville phare des YPG, Kobani, qu’ils ont reprise à l’État islamique en 2015 avec le soutien de l’Occident.
Moscou : Éviter une attaque majeure
Pour sa part, la Russie a exhorté la Turquie à s’abstenir d’une attaque terrestre à grande échelle en Syrie, a déclaré aujourd’hui le négociateur en chef russe Alexander Lavrentiev.
Il a exprimé l’espoir « que nos arguments soient entendus à Ankara et que d’autres moyens de résoudre le problème soient trouvés », a-t-il dit après un nouveau cycle de pourparlers sur la Syrie avec des délégations de Turquie et d’Iran au Kazakhstan.
Et il a accusé les États-Unis de poursuivre une voie destructrice dans le nord-est de la Syrie et que la résolution de la question kurde était un facteur important de stabilisation de la situation dans la région.
La Russie, la Turquie et l’Iran se sont engagés dans une déclaration conjointe publiée à l’issue des pourparlers à continuer de « s’opposer aux plans séparatistes visant à saper la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie et la sécurité nationale des pays voisins par des attaques transfrontalières » et à menacer les envahisseurs ».
Attaque meurtrière d’Ankara contre une base russe en Syrie
Pendant ce temps, un militant kurde a été tué et trois autres blessés dans une frappe de drone par l’armée turque contre une base russe dans le nord-est de la Syrie aujourd’hui, a déclaré un responsable des Forces de défense kurdes.
Les victimes sont des membres des Forces démocratiques syriennes (SDF, une coalition dirigée par les Kurdes) qui ont une position dans la base russe de la province de Hasakah, a déclaré un responsable des FDS, Farhad Sami.
Un soldat russe a également été blessé, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une ONG basée au Royaume-Uni disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie déchirée par la guerre. Elle a également signalé des frappes de drones turcs aujourd’hui sur quatre installations pétrolières et gazières, dont une raffinerie de gaz et une station de pompage de pétrole dans la même province.
L’armée russe est impliquée dans le conflit syrien aux côtés du régime de Bachar al-Assad depuis 2015. Initialement stationnée dans l’ouest du pays, elle s’est également déployée dans le nord-est fin 2019 après un accord avec la Turquie, où les Kurdes ont mis en place une administration autonome. L’objectif était de former une zone neutre entre la Turquie et les combattants kurdes.
De leur côté, les soldats américains sont sur le sol syrien depuis 2014 dans le cadre d’une coalition internationale pour soutenir les forces kurdes dans leur lutte contre les jihadistes. Les FDS ont été à l’avant-garde de la lutte contre le groupe État islamique, qui a été chassé de ses bastions en Syrie en 2019.
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