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Alain Damasio, « Les Invisibles », trad. par Dimitris Dimakopoulos, Polis Publications, Athènes 2023, p. 720

Les éditions Polis ont décidé de présenter au public grec le principal écrivain français Alain Damasio, connu pour son « penchant » pour les œuvres de science-fiction, et son dernier roman « Les Invisibles ». La tâche de le traduire du français vers le grec a été entreprise par Dimitris Dimakopoulos et, à en juger par le résultat, ses compétences en traduction dépassent les limites de l’excellence. Non seulement la longueur du roman – la version grecque fait plus de 700 pages – représente une portée fondamentale de la traduction, mais aussi la tendance lexicographique de Damasio, puisque le monde imaginaire qu’il construit l’exige.

« Les Invisibles », récompensé du Grand Prix de l’Imaginaire et élu meilleur livre de l’année par le magazine « Lire », nous emmène dans un avenir et un lieu qui n’est pas si loin, à savoir la France de l’année 2040. , mais assez dystopique. Dans l’univers narratif de Damasio, l’État est en faillite et privatise les services publics, à l’exception de ceux liés à la sécurité publique. Même les villes deviennent la propriété de grandes sociétés. Les pauvres sont traités comme des citoyens de seconde zone, tandis que ceux qui en ont les moyens se voient accorder d’importants privilèges. La démocratie fonctionne dans une certaine mesure, mais elle est sous stricte surveillance. L’utilisation généralisée des technologies numériques de pointe impose un contrôle complet de toutes les activités humaines, facilitant ainsi la détection des éléments indésirables. Cependant, des fissures apparaissent dans le système et des forces de résistance apparaissent. Les exclus organisent leur rébellion, tandis que les mystérieuses créatures « invisibles », non identifiées, entre animal et humain, parviennent à échapper à la surveillance malgré leur persécution acharnée par les autorités.

Notre passeport pour ce monde sombre réside dans les actions de Lorca Varez et de son épouse Sahar Varez. Tous deux décident de résister, aussi longtemps que les nouvelles structures sociales le permettent. Le premier est un professeur de sociologie qui lutte pour sauver les valeurs de sa science, et le second enseigne à des groupes marginalisés. Mais soudain, sa fille Tiska, âgée de quatre ans, disparaît de sa chambre dans des circonstances inexplicables. La mère décide de faire son deuil de manière rationnelle et de ne pas résister aux nouvelles circonstances, tandis que le père ne peut pas croire que sa fille est perdue et la cherche obstinément. Espérant avoir trouvé refuge auprès des « Invisibles », il rejoint le corps militaire des chasseurs qui recherchent et étudient ces étranges créatures. La plume de Damasio prend alors une forte tension émotionnelle et l’auteur consacre des pages très émouvantes à la relation parent-enfant. Il gère et combine simultanément intervention politique, thriller et philosophie dans une fiction poétique fascinante.

Cela parle peut-être d’un avenir dystopique, mais cela met en lumière le présent brûlant et nos décisions sociales, politiques, etc., en particulier les développements dans le secteur technologique. Une atmosphère pleine de tension et de suspense se crée, un univers littéraire sur les défis de notre temps : la tentative de tout contrôler, le questionnement et la solidarité.

Yannis Kalogeropoulos, « La bonne science-fiction est au cœur de la bonne littérature »

Yannis Kalogeropoulos a commenté le premier roman de Damasio publié en grec sur son blog personnel « no14me » : «[…] Damasio trouve le bon espace pour présenter une version de notre monde, une version loin d’être improbable mais plutôt cohérente avec le flux de la réalité socio-politique mais aussi avec les sauts technologiques et notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le caractère prophétique d’un roman contemporain, appartenant à la science-fiction, doit être confronté à la véracité et au caractère de possibilité afin qu’il suscite un intérêt plus large au-delà de l’imagination de l’auteur. Bien qu’il n’y ait aucune référence directe aux éléments sur lesquels l’auteur fonde ce développement futur, ils doivent être évidents pour le lecteur afin d’établir un lien de cause à cause qui contribue à réduire le manque de familiarité.

Enfin, la plupart des romans de science-fiction utilisent chaque découverte futuriste comme une opportunité de présenter et d’examiner une situation sociopolitique, un détour pour se référer à aujourd’hui, en particulier à la partie d’aujourd’hui qui donnera naissance à ce nouveau monde. […] Cette synchronicité idiosyncrasique donne au roman plusieurs points supplémentaires, même s’il semble se situer en dehors du corps principal de l’intrigue et du récit, un fond réflexif fermement ancré dans la science philosophique et sociologique, domaines dans lesquels l’auteur est évidemment bien versé. et confortablement intégré dans le cadre fictif de son histoire.

[…] Écrit avec parcimonie et densité, le roman de Damasio s’est avéré être une lecture très agréable, extrêmement ambitieux dans sa conception et sa structure, une réalisation vraiment admirable, le résultat d’un talent d’écriture clair et d’un travail persistant. Une preuve supplémentaire que la bonne science-fiction fait partie du cœur de la bonne littérature. »

La « voix » de la science-fiction francophone, Alain Damasio

Alain Damasio est né à Lyon en 1969. Il est aujourd’hui considéré comme le principal auteur français de fantasy et de dystopie politique, titre qui lui a été décerné suite à la publication en 2006 de son roman La Horde du Contrevent, qui a connu un grand succès éditorial. Avec ses livres et articles, il intervient activement dans la vie politique française et soutient des opinions influencées par les positions de Gilles Deleuze. Il a reçu à trois reprises le plus important prix littéraire de science-fiction de France, le Grand Prix de l’Imaginaire.

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Mélissa Sault

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