Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi avoir mis en garde la France contre la coopération de Lafarge avec le groupe « terroriste » « Etat islamique » en Syrie.

« Quand j’ai expliqué comment le géant du béton Lafarge soutient des organisations terroristes dans le nord de la Syrie (…), les Français ne l’ont pas compris », a déclaré Erdogan, qui a précisé en avoir informé son homologue français Emmanuel Macron.

« Je l’ai dit à Macron aussi. C’est le dossier le plus important à l’ordre du jour de la France en ce moment », a-t-il ajouté.

« Lafarge est devenu l’une des institutions les plus importantes qui ont soutenu le terrorisme », a déclaré Erdogan.

Lafarge a plaidé coupable mardi devant un tribunal américain et paiera 778 millions de dollars pour avoir pris « l’impensable décision » de collaborer avec le groupe Etat islamique en Syrie en 2013 et 2014.

Le groupe français, qui a fusionné avec le suisse Holcim en 2015, a accepté de prendre en charge certains de ses anciens dirigeants afin de régler les poursuites des autorités américaines.

Selon la justice américaine, entre août 2013 et octobre 2014, Lafarge a versé près de 6 millions de dollars à l’organisation de l’EI et au Front Al-Nusra sous forme de paiements directs, de commandes auprès de fournisseurs contrôlés par l’EI ou d’un pourcentage des ventes. et 1,1 million de dollars en intermédiaires.

Selon la justice américaine, des dirigeants de l’entreprise, dont l’ancien PDG Bruno Lafond, ont été informés de la collusion avec les jihadistes.

Lafarge dit continuer à coopérer pleinement à l’enquête des autorités françaises sur le même dossier, mais se dit également prêt « à se défendre contre toute action en justice qu’il jugerait injustifiée ».

L’entreprise est accusée de « complicité de crimes contre l’humanité » en France pour ses activités en Syrie.