En France, les petites et moyennes entreprises font face à un tsunami de réglementations sans financement

Les petites et moyennes entreprises (PME) françaises sont prêtes à lutter contre le changement climatique tant qu’il n’y a pas de « tsunami réglementaire », a prévenu l’association française des PME, avant l’introduction de nouvelles exigences européennes en matière de reporting pour un soutien financier supplémentaire.

L’appel des PME fait suite à la décision des institutions européennes d’introduire une nouvelle directive sur le reporting développement durable des entreprises (CSRD) à partir du 1er janvier 2024 – qui, selon le gouvernement français, sera transposée dans le droit national d’ici décembre 2024.

La directive élargira la portée des exigences de reporting environnemental, social et de gouvernance (ESG) des entreprises afin de mieux informer les investisseurs, les banques et les compagnies d’assurance. Les nouvelles règles s’appliquent aux PME, c’est-à-dire aux entreprises de 250 salariés ou moins.

Pour les ONG environnementales, la législation est cruciale pour stimuler les efforts de l’UE en matière de développement durable tout au long de la chaîne de valeur des entreprises, promouvoir les investissements verts et faire progresser la décarbonation.

Pourtant, les PME françaises voient quelque chose de complètement différent.

« Nous ne voulons pas être submergés et assommés par une réglementation lourde », a déclaré jeudi François Asselin, président de l’association française des PME CPME.

Asselin a clairement indiqué qu’il n’essayait pas de minimiser la réalité du changement climatique, mais simplement que les nouvelles réglementations étaient si lourdes qu’il a prévenu que les PME ne seraient pas en mesure de les mettre en œuvre efficacement. Il a déclaré qu’il n’y avait ni assez de temps ni la bonne méthode pour faire respecter ces règles.

« Nous ne pouvons pas contrôler efficacement cet apport réglementaire – et cela crée une méfiance entre les PME et les décideurs politiques », a ajouté Asselin.

L’argument est que la nouvelle directive a changé la donne, mais les charges réglementaires augmentent depuis des années. Le dernier « plan de soutien aux PME » de l’UE a été critiqué par le CPME pour son manque d’ambition.

« Le plan prévoit une réduction de 25 % des fardeaux réglementaires, mais comment cela peut-il fonctionner lorsque nous sommes confrontés en même temps à une montagne de réglementations ? » a demandé Asselin.

Les obligations de diligence raisonnable et l’interdiction du travail forcé font également partie des réglementations qu’elles doivent mettre en œuvre, car de nombreuses entreprises sont déjà confrontées à des plaintes concernant les obligations de diligence raisonnable malgré un manque de ressources.

En fin de compte, les médias ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique – et ils saluent la stratégie verte du président Emmanuel Macron, présentée à la presse lundi dernier.

Mais cela ne devrait pas s’accompagner d’une pression réglementaire extrême sur les entreprises déjà aux prises avec des coûts énergétiques en constante augmentation et des chocs dans la chaîne d’approvisionnement, en plus de nouvelles obligations juridiques, affirment-ils.

Pour garantir que les réglementations sont applicables et utiles « sur le terrain », ils préconisent également des « tests PME », où la législation est testée en temps réel sur un échantillon de petites entreprises avant qu’une loi ne soit adoptée.

«Nous en avons parlé à la commission et ils ont trouvé que c’était une excellente idée, mais cela n’a rien donné», s’est plaint Asselin.

Le CPME réclame également une meilleure formation, car le besoin de personnel spécialisé en matière de conformité augmente même dans les petites entreprises – et suggère de rationaliser toutes les réglementations vertes existantes.

Mélissa Sault

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