L’amitié et la coopération de la Grèce avec la France sont nées dans le contexte de la Première Guerre mondiale à travers deux actes importants. D’abord avec l’ouverture du Front macédonien en septembre 1915 face à l’attaque bulgare contre la Serbie. Avec l’autorisation du gouvernement Venizelos, les troupes anglo-françaises débarquèrent sur le territoire grec en vertu des obligations du traité gréco-serbe (1).
Puis, avec l’acceptation de la proposition française du gouvernement Clemenceau d’une intervention commune contre les bolcheviks dans le sud de l’Ukraine et en Crimée fin 1918. Ainsi, le 1er corps d’armée grec (deux divisions : II et XIII), ainsi que les troupes françaises (deux divisions) et une division polonaise se rendit sur place pour soutenir les troupes russes dans la lutte contre les bolcheviks (2). La Grèce a participé à la campagne anti-bolchevique dans le but principal d’obtenir le soutien de la France pour ses revendications lors des conférences de paix qui ont décidé de la structure et de la forme du monde post-ottoman.
Les Français et les Britanniques, avec le consentement de la Russie tsariste, avaient déjà convenu de sphères d’influence d’après-guerre dans les territoires de l’Empire ottoman (aujourd’hui la Turquie, le Moyen-Orient et l’Irak) avec l’accord secret Sykes-Picot en mai 1916. . L’année précédente, les gains de la France et de la Russie avaient été annulés par le traité Paléologue-Sazanov (3). Sur la base de ces accords, la France détiendrait la côte syrienne et le vilayet d’Adana en Cilicie, dans le sud-est de l’Asie Mineure.
Après la fin de la guerre, les Français ont autorisé les Arméniens sauvés du génocide de 1915 à s’installer dans ces zones. La possession de ces terres a conduit aux premiers affrontements entre les Français et le mouvement kémaliste émergent. Tandis que Clemenceau restait au pouvoir, la volonté de la France de défendre ses possessions en Cilicie était forte. De plus, le contrôle de la région était nécessaire à la sécurité de la Syrie elle-même, qui était le centre de la présence française au Moyen-Orient.
La conversion française
Le changement de gouvernement qui a eu lieu en France avec Aristide Briand comme Premier ministre français du 16 janvier 1921 au 12 janvier 1922 et Raymond Poincaré (comme prochain Premier ministre français du 17 janvier 1922 à 1924), alors que président de la République française La République était Alexandre Miller qui, à partir du 20 janvier 1920, renversa violemment la politique jusqu’alors française.
Les grands groupes économiques opérant en Turquie ont joué les premiers rôles dans la conversion française : la Société Impériale Ottomane, la Société du Monopole des Tabacs, le Crédit Lyonnais, la Société des Routes et la Société des Ports. Les intérêts financiers français dans l’Empire ottoman représentaient : 60,31 % du total des capitaux étrangers ottomans (les parts britanniques et allemandes correspondantes étaient respectivement de 14,19 % et 21,31 %). Investissements dans des entreprises privées pour un montant de 1.100.000.000 de francs.
Sa participation dans ses activités industrielles s’élève à 53,5% du volume total (correspondant à 13,68% en Grande-Bretagne et 32,77% en Allemagne). La France contrôlait et exploitait 2 077 kilomètres de réseau ferroviaire, contre 2 565 kilomètres en Allemagne et 610 kilomètres en Grande-Bretagne. Des capitaux français ont également été investis dans les mines (42 210 000 francs) et dans les mines et ports et quais turcs – environ 80 millions – (4).
Les développements politiques en Grèce, avec la prise du pouvoir des partisans pro-allemands et la réintégration de Constantin, ont donné aux Français l’opportunité de quitter ouvertement la Grèce. La colère des Français était réelle et provenait de la politique pro-allemande de Constantin pendant la Première Guerre mondiale, qui était à son paroxysme. Novembre 1916, alors qu’ils pleuraient plusieurs soldats tombés lors des affrontements à Athènes. C’est pour cette raison que les Français contribuèrent à l’expulsion de Constantin du trône en 1917 (5).
Cilicie et Aydab
Le début du rapprochement franco-kémalien devait intervenir après les événements de Cilicie du début de 1921 (20 janvier – 10 février 1921). Avec l’attaque de la ville de Maras, où vivaient également 24 000 Arméniens, les groupes nationalistes turcs ont déclaré le début du mouvement kémaliste en Cilicie. Après 20 jours d’âpres combats, les Français, ainsi que les groupes armés arméniens, se sont retirés de la ville, accompagnés d’un grand nombre de civils arméniens.
On estime que la moitié de la population arménienne a survécu, tandis que les envahisseurs (Turcs, Kurdes et Circassiens) ont fait environ 4 000 morts. En mars 1921, en marge de la conférence de Londres, un premier accord fut trouvé avec les délégués kémalistes. Ils ont convenu de cesser les combats entre eux et de désarmer les groupes de guérilla opérant dans les zones qu’ils contrôlaient, à savoir, bien sûr, les groupes turcs anti-Kemali (6).
Deux mois plus tard (avril 1921), deux bataillons français sont vaincus à Aydab. L’écho de ces événements en France renforce les voix appelant au retrait des territoires de l’Empire ottoman, même si en août 1921, à l’occasion de la campagne grecque de Sangarios dans le but de conquérir Ankara, le général Gouro propose et appelle à plusieurs reprises le gouvernement de se retirer pour participer à l’ancienne lutte et renforcer ses positions en Cilicie.
Le gouvernement français a poursuivi la politique inverse, violant une règle internationale selon laquelle chaque nouveau gouvernement était tenu de respecter les engagements du précédent. Edward Hale Bierstadt identifie le problème de l’attitude française et pose la question : « …dans quelle mesure un gouvernement est-il responsable des promesses faites par ses prédécesseurs ? Aujourd’hui, dans tous les États civilisés, il existe une responsabilité continue de chaque État, sinon la foi mondiale s’effondrerait le même jour. (7).
La colère des Britanniques
En août 1921, lorsque les opérations de l’armée grecque furent suspendues, une délégation française fut envoyée à Kemal avec pour mandat de négocier de nouvelles conditions de paix, un défi évident au traité de Sèvres. L’attitude des Français au cours de la même période a été décrite par Eleftherios Venizelos comme absolument négative pour la Grèce, même si les Grecs avaient occupé Ankara : « Et la réaction des Français à notre égard est sans sommeil » (8ème).
Le traité Franklin-Bouillon a été signé à Ankara le 20 octobre 1921. Sur la base du traité, les Français s’engagent à évacuer la Cilicie et le port de Mersina et à permettre aux autorités turques de s’établir dans la région. De leur côté, les Kémalites reconnaissaient l’occupation française de la Syrie, y compris d’Alexandrette, et garantissaient les intérêts des entreprises françaises sur le territoire qu’ils contrôlaient.
Lors de sa retraite de Cilicie, la France vendait aux Kémalites du matériel de guerre, notamment des avions, des fusils, des armes, des munitions, etc., à des prix dégradants, qui étaient transportés sur les lignes de front de la guerre gréco-kémalite (9). Comme le note Psomiades : Dans une annexe au traité, il y avait une note selon laquelle lorsque toutes les questions liées à la souveraineté et à l’indépendance de la Turquie seraient réglées, la France recevrait des concessions pour l’exploitation minière et les capitalistes français pourraient étendre leurs activités. dans les banques, les ports, les transports maritimes et ferroviaires turcs (10).
Cet accord a été signé en l’absence des alliés restants de l’Entente et a provoqué la colère des Britanniques, qui estimaient que l’accord avait été conclu dans leur dos. L’importance de l’accord entre le gouvernement nationaliste et une puissance européenne a marqué une nette ligne de fracture entre la France et la Grande-Bretagne (11). Depuis lors, l’aide française a commencé à affluer à grande échelle vers l’armée kémaliste.
M. Housepian-Dobkin écrit sur les conséquences de la signature de l’accord franco-Kemal : « Il y a bien longtemps, les nationalistes se procuraient des armes françaises. Mais voilà que des obus d’artillerie lourde et des bombes aériennes françaises commençaient à tomber sur les positions grecques, à un moment où la Grèce était au bord de la faillite et où l’armée était désespérée. (12).
indifférence envers les réfugiés
Le point culminant de l’attitude française fut le traitement réservé aux corps militaires grecs vaincus après le crash d’août 1922. Le Troisième Corps d’Armée, opérant dans le nord, atteignit Moudania, où des navires attendaient les soldats pour les transporter vers la côte est opposée de la Grèce. Thrace. À l’exception de deux régiments qui réussirent à s’enfuir à Panormos, le reste se rendit aux Français, qui les livrèrent à leur tour aux Kémalites.
Lors du massacre et de l’incendie de Smyrne, ils ont maintenu une indifférence similaire à l’égard des civils. Depuis les navires français au port, ils débarquèrent des marines juste pour garder leur consulat et protéger la banque du Crédit Lyonnais. En outre, les officiers supérieurs français, l’amiral Diménil et Levavessère, se sont rendus fréquemment au poste de commandement turc, indiquant clairement qu’ils n’étaient pas intéressés par le problème des réfugiés. À cette époque, à Smyrne, il y avait plus de 300 à 400 000 Grecs, natifs de Smyrne et réfugiés paniqués et assassinés (13).
PUBLICATION PRÉALABLE de l’ouvrage en parution : « Du Traité de Sèvres au Traité de Lausanne. L’ère qui a façonné notre monde moderne », édité par Pataki
Remarques:
1) Nikos Petsalis Diomedis, ibid., pp. 204-205.
2) DEC/GES, Histoire militaire de la Grèce moderne. Athènes 1980, pp. 90-93, I. Gemenetzis, « Campagne dans le sud de la Russie 1919 », v. Revue militaire, juillet-août 2005, pp. 122-137
3) Edward Hale Bierstadt, op.
4) Thanasis Antonopoulos, « Dédicace : Catastrophe en Asie Mineure. Alliance France-Kemal», officiel. Les nouvelles17 septembre 2003.
5) Harry J. Psomiadies, op. cit., p. 134.
6) Mustafa Kemal, Nutuk. La Grande Rhétorique, avec saint Papageorgiou, édité par Papazisi, Athènes, 2022, p. 197.
7) Edward Hale Bierstadt, ibid., p. 186.
8) Histoire de la nation grecque, tome 15, Maison d’édition d’Athènes, Athènes, 1978, p. 186.
9) Arnold Toynbee, A Study of History, volume 7e édition, Oxford University Press, Oxford, 1961, p. 668, History of the Greek Nation, ibid., p. 188.
10) Harry J. Psomiadies, op.
11) Harry J. Psomiadies, op.
12) M. Housepian-Dobkin, Smyrne 1922. La destruction d’une ville, éd. Papadopoulos, Athènes, 2014, p. 134
13) M. Housepian-Dobkin, ibid., pp. 143, 159, 161, 215.
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