elle Eleftherias Kourtalis
La hausse des prix de l’énergie plongera la zone euro dans la récession au second semestre 2022, estime UBS, tandis que l’inflation culminera en septembre, la BCE prolongeant les hausses de taux d’intérêt jusqu’en avril 2023. Les prix de l’énergie devant rester élevés pendant un certain temps encore, les aides gouvernementales se poursuivront jusqu’en 2024.
Compte tenu de la perspective de nouvelles hausses importantes des prix de l’énergie dans la zone euro – en particulier en Allemagne – et de la baisse significative des indices PMI en juillet/août, la banque suisse s’attend désormais à ce que la zone euro affiche une croissance négative aux troisième et quatrième trimestres de 2022 grâce à une légère croissance positive au premier trimestre 2023. Les prochaines hausses des prix de l’énergie exerceront une pression supplémentaire sur la consommation privée et l’investissement fixe, qui représentent respectivement 55 % et 20 % du PIB de la zone euro.
Bien que cela puisse sembler paradoxal à première vue, UBS relève ses prévisions de PIB pour 2022 de 2,7 % à 2,9 %, mais cela est clairement dû à une croissance du PIB plus forte que prévu au deuxième trimestre 2022, ce qui atténue l’impact de la baisse les estimations de croissance révisées ont plus que compensé les troisième et quatrième trimestres de l’année.
Pour 2023, il abaisse sa prévision de croissance de la zone euro à 0,8% contre 1,2%, reflétant une croissance plus lente au premier trimestre et le plus petit report statistique de 2022. Cependant, le scénario de base d’UBS reste celui d’éviter le rationnement du gaz naturel, hypothèse qui s’avère trop optimiste, avec des perturbations économiques susceptibles de s’aggraver encore davantage.
Par conséquent, la banque prévoit une récession technique au cours des trois prochains trimestres, en particulier le quatrième. La nouvelle hausse du prix du gaz naturel réduira le pouvoir d’achat des ménages, tandis que les incertitudes sur l’approvisionnement futur en gaz naturel, ainsi que la baisse de la demande mondiale et les perturbations de l’approvisionnement (dont l’étiage du Rhin empêchant les transports) devraient peser sur la production.
L’Allemagne et l’Italie se dirigent vers une légère récession, la première enregistrant trois trimestres consécutifs aux troisième et quatrième trimestres de 2022 et au premier trimestre de 2023 et la seconde uniquement au cours des deux derniers trimestres de cette année, comme l’estime UBS France et l’Espagne s’en tirera relativement mieux, l’Espagne ayant bénéficié d’une moindre dépendance vis-à-vis de l’énergie russe et d’une reprise du tourisme.
Le cycle de resserrement de la BCE durera jusqu’en avril 2023
UBS, quant à elle, s’attend à ce que l’inflation passe de 8,9% en juillet à un nouveau record de 9,4% en septembre, avant de tomber à 8,1% d’ici la fin de 2022 et (temporairement) en dessous de 2 au quatrième trimestre de 2023% tombera. Cela implique des moyennes annuelles de 8,0% en 2022 et de 3,6% en 2024. Mais le risque d’une inflation plus élevée est important, note-t-il, en cas de prix encore plus élevés de l’énergie et des denrées alimentaires et d’une croissance des salaires plus élevée.
L’inflation restant très élevée et une légère récession au T3/2022 n’apportant qu’un soutien limité à la déflation, la banque suisse s’attend à ce que la BCE relève le taux de dépôt de 50 points de base en septembre et de 25 points de base et 1 % en octobre et décembre. jusqu’à fin 2022.
L’année prochaine, il s’attend à ce que la BCE effectue trois autres hausses de 25 points de base chacune en février, mars et avril, mettant fin au cycle de resserrement avec un taux de 1,75 %. Le risque de nouvelles hausses de taux en 2022 demeure (par exemple une hausse de taux de 50 points de base en octobre), mais avec moins de hausses de taux de la BCE en 2024.
Politique budgétaire : continuer à soutenir les budgets
Compte tenu des prix élevés de l’énergie, qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages, les gouvernements multiplient les programmes de soutien et continueront de le faire. La France et l’Italie ont récemment adopté des paquets qui incluent l’expansion des réductions d’impôts sur l’énergie et des transferts aux ménages. Le gouvernement fédéral réduit la TVA sur le gaz naturel et discute d’un troisième plan d’allègement. Alors que le déficit budgétaire nominal de la zone euro devrait se réduire de 60 points de base à 4,5 % du PIB cette année (aidé par des revenus solides), le déficit corrigé des variations conjoncturelles devrait se creuser de 0,7 % du PIB, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de resserrement budgétaire cette année .
Le pacte de stabilité et de croissance étant suspendu en 2024, l’assainissement budgétaire devrait être lent à moyen terme, les projets de budget pour 2023 devant être annoncés d’ici la mi-octobre et fournissant de plus amples détails sur la future trajectoire budgétaire.
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